« Souviens-toi de mes jours »
Partout dans le monde, les gens apprennent difficilement de nouveaux termes et de nouveaux comportements — éloignement social/physique, isolement de soi, mise en quarantaine. Avec un nombre croissant de travailleurs, d’écoliers, de soignants et de personnes âgées confinés chez eux en réponse à des avis de santé publique, beaucoup sont confrontés à des défis et à des besoins tout à fait inattendus, certains se sentant effrayés, voire « emprisonnés », par ces nouvelles conditions. Au milieu d’elles, les conseils de Bahá’u’lláh contenus dans la Tablette à Ahmad semblent particulièrement pertinents : « Souviens-toi de mes jours durant tes jours, de ma détresse et de mon bannissement en cette prison lointaine. » Ainsi que les derniers mots de la Tablette de Feu : « […] remercie ton Seigneur pour cette Tablette. Tu peux y respirer le parfum de mon humilité, et y découvrir les tourments que nous avons subis dans le sentier de Dieu, celui que tous les mondes adorent. »
Après son emprisonnement dans le Siyáh-Chál de Tihran, Bahá’u’lláh fut exilé successivement à Bagdad, Constantinople, Adrianople et enfin dans la ville-prison d’Acre. À Bagdad, les attaques contre la Beauté bénie et ses partisans plurent de l’extérieur de la communauté. À Adrianople, une crise dévastatrice éclata de l’intérieur. À Acre, les attaques furent à la fois externes et internes. « Sachez », écrit Bahá’u’lláh, voulant faire ressortir la situation critique de ses neuf premières années d’exil dans cette cité pénitentiaire, « sachez qu’à notre arrivée en ce lieu, Nous avons décidé de l’appeler la “plus grande prison”. Bien que, dans une autre contrée (Tihrán), Nous ayons été enchaîné et chargé de fers, Nous nous sommes pourtant refusé à la désigner par ce nom. Dis : Méditez cela, ô vous qui êtes doués de compréhension[i] ! »
Pendant la première année de leur détention à Acre, la bande d’exilés a été séparée par la force et il a été interdit à ses membres de s’associer entre eux ou avec les habitants du quartier. Seuls les épouses et les enfants de Bahá’u’lláh étaient autorisés à être avec lui. Pendant près d’une décennie, déclare le Gardien, il n’a pas dépassé les murs de la ville, son seul exercice étant « d’arpenter indéfiniment, de façon monotone, le sol de sa chambre à coucher »[ii]. Bahá’u’lláh s’est progressivement vu accorder une certaine liberté de mouvement à l’intérieur d’Acre et, plus tard, à l’extérieur de ses murs, vers Mazra’ih et Bahjí, bien qu’il soit resté prisonnier jusqu’à la fin de sa vie. Lentement, la communauté bahá’íe s’est développée et les pèlerins ont pu accéder à l’Objet de leur désir. Voici des extraits de comptes rendus publiés par certains de ceux qui ont eu le privilège d’être en présence de Bahá’u’lláh. Ils offrent un aperçu de ses jours à travers les yeux et le cœur de ces personnes privilégiées.
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« En racontant Son confinement dans le Siyáh-Chál, la Beauté bénie rappelait : “Le poids des chaînes placées autour de Notre cou était difficile à supporter (la chaîne la plus lourde pesait plus de cinquante kilos), mais le fait d’avoir les pouces des deux mains attachés ensemble derrière le dos était encore plus exaspérant. Les gardes impériaux étaient inflexibles, mais les bourreaux nous montraient de l’amabilité. Un d’entre eux m’a offert du thé et quelques grains de raisin, mais comme on m’avait transporté là enchaîné et les mains attachées, Je n’ai pas pu les accepter.”
Poursuivant Ses souvenirs, Bahá’u’lláh dit : “À chacun des endroits où J’ai été exilé, des ennuis s’en sont suivis, semblables à ceux essuyés après Notre arrivée à ‘Akka. Maintenant, la situation est renversée pour que les gens d’ici soient inclinés à la clémence. Il en a été ainsi partout où Nous avons résidé. D’abord la Cause de Dieu était inconnue et Nous avons été submergé par les tribulations. Mais maintenant, — loué soit Dieu ! — les gens de ces régions manifestent leur respect et leur humilité envers Nous.” »[iii]
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Hájí Muhammad-Táhir-i-Málmírí a décrit l’épisode suivant dans ses mémoires :
« Un soir lorsque la Beauté bénie demeurait chez Jináb-i-Kalím, il faisait les cent pas dans la cour et j’étais occupé à arroser le jardin avec un arrosoir. Sa Personne bénie vint vers moi et il tendit la main vers mon châle* qui était mal attaché autour de ma taille, et dit, “C’est mal attaché, un bábí devrait se préparer !” Il resta alors derrière moi quelques instants et prononça d’affectueuses paroles de tendresse.
Ceci est un exemple de la façon dont Bahá’u’lláh faisait en sorte que ses bien-aimés se sentent toujours à l’aise en sa présence.
Lors d’une visite à Acre, Bahá’u’lláh rendit occasionnellement visite à ses compagnons chez eux. C’était un grand honneur qu’il accordait à ses bien-aimés. Le même Hájí Muhammad-i-Táhir a rapporté l’histoire suivante :
Ma résidence, ainsi que celle de Nabíl-i-A’zam, était proche de la maison de Áqáy-i-Kalím qui était située dans le Súq-i-Abyad. Comme j’avais l’habitude assez souvent de compter des perles (C’était coutumier chez les Persans de choisir au hasard un nombre de perles, et en les comptant d’une certaine manière, de déterminer quelle meilleure action devrait être entreprise dans une situation donnée), un jour Nabil saisit mon chapelet de perles et le suspendit très haut au plafond de façon à ce que je ne puisse pas les atteindre. Ce jour-là, j’étais son invité dans sa chambre lorsque la Beauté bénie arriva et nous honora de sa présence. Il demanda à Nabíl d’un ton amusé : “À qui appartient ce chapelet de perles que vous avez emprisonné ici ?” Nabil répondit : “Il appartient à Áqá Táhir…” »[iv]
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« Les deux enfants de Varqá, ‘Azízu’lláh et Rúhu’lláh, qui l’accompagnaient à Acre, eurent aussi l’honneur l’honneur de rencontrer Bahá’u’lláh plusieurs fois. Le contact avec la Manifestation suprême de Dieu laissa une marque profonde sur leur âme. Bien que jeunes encore, ils devinrent tous les deux emplis de l’esprit de la foi. Rúhu’lláh, en particulier, s’épanouit spirituellement dans cet environnement sacré. On peut le considérer comme l’un des prodiges spirituels que la main de Dieu a suscité au cours de cette révélation. Bien qu’il ne fut âgé que de huit ans environ lorsqu’il rencontra Bahá’u’lláh, sa compréhension de la Foi était très profonde.
Pour ne citer qu’un exemple : Un jour, Bahá’u’lláh demanda à Rúhu’lláh : “Qu’as-tu fait aujourd’hui ?” Il répondit : “J’avais cours avec — [un certain professeur].” Bahá’u’lláh demanda : “Quel était le sujet d’étude ?” Rúhu’lláh dit : “Cela concernait le retour [des prophètes].” “Veux-tu expliquer ce que cela veut dire ?” demanda Bahá’u’lláh. Il répondit : “Par retour, il est entendu le retour des réalités et des qualités.”
Bahá’u’lláh, le questionnant plus en avant, lui dit : “Ce sont là les paroles exactes de ton professeur et tu les répètes comme un perroquet. Dis-moi, avec tes propres mots, ce que tu comprends de cette question.”
“C’est comme si l’on coupait la fleur d’une plante cette année”, répondit Rúhu’lláh. “La fleur de l’année suivante ressemblera exactement à celle-ci, mais elle ne sera pas la même.” La Beauté bénie loua l’enfant pour l’intelligence de sa réponse et l’appela souvent Jináb-i-Muballigh (l’honorable enseignant bahá’í).
En une autre occasion, Bahá’u’lláh demanda à Rúhu’lláh de quelle manière il passait son temps à la maison. Il répondit : “Nous enseignons la Foi et nous disons aux gens que le ‘Promis’ est arrivé”. Bahá’u’lláh, qui de toute évidence prenait plaisir à cette conversation, lui demanda alors ce qu’il ferait s’il l’on découvrait que le message du Báb n’était pas authentique et que le véritable Promis apparaissait. “J’essaierais de lui enseigner la Foi,”, répliqua-t-il promptement.
[…] Un jour, la Plus-Sainte-Feuille remarqua que Rúhu’lláh et son frère aîné, ‘Azízu’lláh jouaient dans le jardin. Elle les invita à entrer et ils s’assirent à ses côtés. Étaient aussi présents Mírzá Badí’u’lláh et Mírzá Díyá’u’lláh, les deux fils de Bahá’u’lláh qui plus tard s’allièrent avec Mírzá Muhammad-’Alí, l’archibriseur de l’alliance de Bahá’u’lláh. La Plus-Sainte-Feuille, que l’on appelait souvent “ Khánum ”, leur demanda ce qu’ils disaient aux gens lorsqu’ils enseignaient la Foi.
“Nous leur disons,” répondit Rúhu’lláh, “que Dieu s’est manifesté.” Surprise par cette remarque, Khánum leur raconta qu’ils ne pouvaient sûrement pas dire une telle chose aux gens tout de suite ! “Nous ne disons pas ça à tout le monde,” répliqua Rúhu’lláh, “nous ne le disons qu’à ceux qui ont la capacité d’entendre une telle déclaration.” “Et comment vous reconnaissez ces gens ?” demanda Khánum. “Nous les regardons dans les yeux et nous savons alors si nous pouvons leur donner le message,” répliqua Rúhu’lláh.
Khánum rit de bon cœur, puis fit signe à Rúhu’lláh de s’approcher et de la regarder dans les yeux pour savoir si elle avait la capacité pour entendre de telles paroles. Obéissant à sa requête, Rúhu’lláh s’assit en face de la Plus-Sainte-Feuille, il la regarda droit dans les yeux intensément, puis dit : “Vous croyez déjà dans ces paroles.”
Puis ce fut au tour des deux fils de Bahá’u’lláh. Rúhu’lláh s’approcha d’eux, chercha dans leurs yeux et fit tristement à Khánum : “Ils ne valent pas la peine qu’on regarde dedans !” »[v]
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« Le fait de voir Son Père, la Beauté bénie, après tant d’années d’épreuves et de souffrances, se reposer sous le mûrier près d’un petit ruisseau dans le beau jardin de Ridván, réjouissait le cœur d’Abdu’l-Bahá. Les fleurs et les arbustes fragrants, abondants et aux multiples couleurs, le clapotis de la fontaine, la fraîcheur de l’air et spécialement la présence de Bahá’u’lláh exaltaient les âmes de tous ceux qui avaient le privilège de L’accompagner.
La plus grande joie des enfants de la sainte Famille était d’aller avec Bahá’u’lláh à des pique-niques occasionnels dans le jardin de Ridván. Pour eux, Il était comme un autre Père aimant et ils Lui faisaient part de leurs petits problèmes.
Le jardin du Riḍván, situé à l’extérieur de la ville d’Acre, loué et préparé par ‘Abdu’l-Bahá pour l’usage de Bahá’u’lláh. Photo : Communauté internationale bahá’íe
La Beauté bénie s’intéressait à tout ce qui concernait les enfants, surtout leur propreté, l’ordre et la discipline. Tous leurs plaisirs et bonheur venaient de Lui durant ces jours souvent monotones. Quand on apportait à Bahá’u’lláh des friandises, Il disait avec humour : “Mettez-en de côté pour les enfants, autrement le Maître les distribuera toutes” et parfois Il appelait Lui-même les enfants pour leur distribuer aussi des bonbons.
Souvent à l’heure du coucher, et malgré le désir de leurs parents qui ne voulaient pas qu’on dérange Bahá’u’lláh, Il les accueillait avec des mots affectueux. Et quand Il leur disait : “Demain, les enfants, vous viendrez avec Moi au jardin de Ridvan”, ils étaient si pleins de joie qu’ils pouvaient à peine s’endormir ! »[vi]
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Les extraits suivants sont des souvenirs de la Main de la Cause, Tarráz’u’lláh Samandari, qui, à l’âge de seize ans, entra en présence de Bahá’u’lláh. Il resta à ‘Akka six mois avant l’Ascension de Bahá’u’lláh (29 mai 1892) et un mois après :
« Ce fut dans la maison d’‘Abbud que M. Samandari entra pour la première fois en présence de Bahá’u’lláh. Ceci est la description de cette visite.
(Quand je pénétrais dans la chambre), la Beauté bénie était assise sur un divan. Alors que je m’agenouillais devant Lui, le fez que je portais tomba de ma tête. De Ses mains bénies, Bahá’u’lláh le remit sur ma tête et dit : “Marhabá !” (Bienvenue !) Mon émotion et mon tremblement étaient incontrôlables. Il me pria de m’asseoir et un serviteur, à la requête de Bahá’u’lláh, m’offrit du thé. Mais je tremblais tellement que je pouvais à peine tenir ma tasse.
“Bismilláh ! Bismilláh !” (S’il vous plaît) répéta Bahá’u’lláh plusieurs fois, m’invitant à boire mon thé, mais j’étais encore incapable de le faire. Il s’informa de la santé de mon père, et à la suite de quoi, j’eus le droit de me retirer. »[vii]
« Du fait que deux semaines s’étaient passées sans avoir été en présence de Bahá’u’lláh, un jour je me décidais d’aller au manoir de Bahji. Je demandais à une jeune fille, la fille d’un résident qui se trouvait là, s’il y avait quelqu’un ou non en ce moment en présence de la Beauté bénie. Elle répondit qu’Il était seul, et qu’Il marchait ça et là. “Va et dis à Bahá’u’lláh : ‘Voici deux semaines que Taráz n’est pas entré en Votre sainte présence et il sollicite la permission de vous voir.’” La jeune fille délivra mon message et revint avec la réponse que Bahá’u’lláh avait dite : “Bismilláh ! Bifarma’id : (Qu’il entre !).”
J’étais dans un état d’esprit indescriptible lorsque j’entrais en Sa présence. “Marhabá Taráz Effendi !” fut la salutation de la Beauté bénie. Puis il s’approcha de moi, et caressant ma tête et mon visage, s’informa de ma santé. Après quelques instants, il ajouta : “Vois ! Tu t’es plaint de ne Nous avoir pas vu. Ne rends-tu pas visite à Ghusn-i-Azam (la Plus Grande Branche) dans la ville ?”
Je répondis que jour et nuit j’étais en Sa présence. Bahá’u’lláh déclara ensuite : “Pour quelle raison, alors, t’es-tu plaint ?” Puis il remarqua : “Ton premier lieu de résidence est ici ! Tu as la permission de venir chaque fois que tu le désires, et pour ton confort, nous avons préparé la maison de passage.”
Après quoi, Il m’offrit des friandises et me permit de partir. »[viii]
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« Il ne restait plus que trois nuits avant la fin de mon pèlerinage, et j’ai été convoqué auprès de Bahá’u’lláh. Il parla de ses exils et souligna le fait que si les gens réfléchissaient attentivement à ces différentes étapes de son bannissement, ils sauraient que chaque pas fut fait selon la volonté de Dieu. La main de Dieu est au-dessus de tout, et sa puissance et son pouvoir submergent les mondes de la création. Prenons le cas de ces personnes qui, craignant la perte de leurs pouvoirs temporels, nous ont condamnés à la Plus-Grande-Prison. Où sont-ils maintenant ? Qu’est-il arrivé à chacun d’entre eux ? Dieu les a fait descendre de leur place et les a condamnés à leurs tombes. Leurs noms ne sont jamais mentionnés. Mais votre Seigneur est établi dans cette demeure par la puissance de Dieu, sa puissance et sa souveraineté.
Il demanda ensuite à quelqu’un de chanter des parties des deux Tablettes adressées au sultan de l’Empire ottoman et au shah de Perse. Après cela, les pèlerins ont été renvoyés.
Pendant notre dîner, quelqu’un apporta des bonbons envoyés par Bahá’u’lláh. Il a également envoyé un message me concernant : “Dis-lui de manger les bonbons et de se dire : ‘ Je dois rentrer chez moi ’”. Cette fois, je me suis préparé à partir et je n’ai pas prévu de demander au Maître bien-aimé d’intervenir en ma faveur ou de se porter garant de moi. Le doux souvenir de son esprit aimant, qui m’a fait me dire “je dois rentrer chez moi”, reste frais dans mon cœur, et plus encore lorsque j’abandonne ma volonté à celle de Dieu.
Le lendemain, nous avons eu des pluies torrentielles. Dans l’après-midi de ce même jour, je suis allé le voir. Dès que je suis entré dans sa chambre, il m’a dit : “Il semble que vous vous attendiez à ce que la pluie intercède pour vous.” Cette tendre plaisanterie a contribué à transformer tout mon désespoir en joie. Lorsque je suis retourné à la maison des pèlerins et que j’ai raconté mon entrevue aux amis, ils étaient tous d’avis que le lendemain, il pleuvrait de nouveau et que Bahá’u’lláh ne me renverrait pas.
Le manoir de Bahjí et les jardins environnants, 1958. Photo : Communauté internationale bahá’íe
Mais le jour s’est levé avec un soleil splendide, et je suis allé à sa chambre dans le manoir de Bahjí. Il me parla d’enseignement. Il dit : “Une approche bienveillante et un comportement aimant envers les gens sont les premières conditions requises pour enseigner la Cause. L’enseignant doit écouter attentivement tout ce qu’une personne a à dire — même si son discours ne consiste qu’en de vaines imaginations et en des répétitions aveugles des opinions des autres. Il ne faut pas résister ou se disputer. L’enseignant doit éviter les disputes qui mèneront à un refus obstiné ou à de l’hostilité, parce que l’autre personne se sentira accablée et vaincue. Par conséquent, elle sera plus encline à rejeter la Cause. On devrait plutôt dire : ‘Peut-être avez-vous raison, mais ayez la bonté de considérer la question de cet autre point de vue’. La considération, le respect et l’amour encouragent les gens à écouter et ne les forcent pas à répondre avec hostilité. Ils sont convaincus parce qu’ils voient que votre but n’est pas de les vaincre, mais de leur transmettre la vérité, de faire preuve de courtoisie et d’afficher des attributs célestes. Cela encouragera les gens à être justes. Leur nature spirituelle répondra et, par la bonté de Dieu, ils seront recréés.
Considérez comment le Maître enseigne aux gens. Il écoute très attentivement les discours les plus creux et les plus insensés. Il écoute si attentivement que l’orateur se dit : “Il essaie d’apprendre de moi.” Puis le Maître, progressivement et très prudemment, par des moyens que l’autre personne ne perçoit pas, le met sur le bon chemin et lui confère un nouveau pouvoir de compréhension”.
Lorsque le moment final approcha et que je fis mes adieux à mon Bien Aimé, il s’approcha de la porte et me murmura à l’oreille : “Je t’ai confié aux mains du Maître.” Bien que ces mots aient été prononcés avec la plus grande douceur, et qu’ils aient été un signe de sa sublime considération et de son amour, ils ont rempli mon cœur de sombres nuages de tristesse. Ils me semblaient indiquer clairement son départ imminent de ce monde.
Ensuite, je me suis rendu à Acre, jusqu’à la présence du Maître. Son amour n’avait pas de fin. Il avait écrit une lettre à Bahá’u’lláh pour demander que je sois autorisé à rester, même en dehors de la ville d’Acre, parce que la mer était agitée. Sa lettre lui avait été retournée, une phrase y ayant été ajoutée : “Il vaut mieux qu’il parte ; Dieu est le protecteur — soyez-en sûrs.” »[ix]
[i] Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, chapitre XI.
[ii] Ibid.
[iii] Histoires de Bahá’u’lláh, compilation de ‘Alí-Akbar Furútan, no 142.
[iv] La révélation de Bahá’u’lláh, Tome IV, Adib Taherzadeh, p.243-244.
[v] La révélation de Bahá’u’lláh, Tome IV, Adib Taherzadeh, p. 55-56.
[vi] Histoires de Bahá’u’lláh, compilation de ‘Alí-Akbar Furútan, no 141.
[vii] Histoires de Bahá’u’lláh, compilation de ‘Alí-Akbar Furútan, no 129.
[viii] Histoires de Bahá’u’lláh, compilation de ‘Alí-Akbar Furútan, no 140.
[ix] Stories from the Delight of Hearts: The Memoirs of Hájí Mírzá Haydar-‘Alí, traduit et abrégé par A. Q. Faizi, p. 108-110.