La chaleur d’une célébration de quartier
Une bahá’íe de Montréal réfléchit au fait que son attitude envers les jours saints célébrés localement a changé quand elle a tenu chez elle une célébration du bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh.
Les quelques jours précédant la célébration du bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh, alors que des images des célébrations à travers le monde étaient partagées sur internet, j’ai eu un gros moment de doute quant à la hauteur de mon implication dans l’organisation de la célébration dans notre quartier.
J’habite à Montréal dans un quartier très familial. Nous avons une belle classe d’enfants, mais qui peine à s’agrandir. Je connais de nombreuses familles, mais je n’arrive pas vraiment à les inviter de manière régulière à nos activités.
Par contre, depuis quelques années, notre vie communautaire baha’ie s’est grandement intensifiée. La présence aux fêtes des 19 jours a augmenté, les liens d’amitié se sont renforcés et nos célébrations de jours saints sont de plus en plus joyeuses et artistiques.
Je ne suis pas quelqu’un qui aime les grands rassemblements, et la célébration du bicentenaire allait simplement avoir lieu dans notre salon de manière simple et collective.
Alors que la célébration approchait, j’ai commencé à me dire que peut-être nous ne faisions pas assez honneur à la grandeur de ce jour. N’aurions-nous pas dû louer une plus grande salle? Faire ça en plus grand? Inviter des dizaines de personnes supplémentaires? Organiser un spectacle plus long avec projection du film Lumière du monde?
J’ai trois jeunes enfants avec toute la logistique et l’éducation que cela requiert et j’avais souvent l’impression d’être trop dépassée, mais à la vue de la magnificence des événements à travers le monde, je regrettais de ne pas m’être plus impliquée.
Puis le jour de la célébration chez nous est arrivé. Les enfants étaient excités. Nous avons fait des tartes aux pommes dès 7 h 30 du matin, les garçons ont sorti leurs plus belles chemises et vers 8 h 30 des amis sont arrivés pour préparer les lieux, installer la scène pour le spectacle de marionnettes, organiser l’accueil. D’autres ont amené des roses, une amie s’est chargée du repas en l’honneur d’une autre décédée récemment, une autre amie encore des boissons, les enfants de la classe d’enfants avaient préparé un poster sur lequel était collé 200 cœurs et qu’on a mis bien en évidence à côté de la porte d’entrée.
Une sorte de danse joyeuse et parfaitement orchestrée prenait place dans notre foyer.
Quinze minutes avant l’arrivée des invités, nous nous sommes retrouvés, presque spontanément, pour faire quelques prières qui allaient lancer quatre heures de festivités.
Notre salon s’est rempli petit à petit d’enfants, d’adultes, de voisins et d’amis. Une diversité d’âges, d’origines et d’appartenances religieuses illuminait l’espace.
Je ne pensais qu’au fait que nous n’avions vraiment pas assez de chaises! Pourquoi n’avions-nous pas fait ça chez un ami qui a une maison beaucoup plus grande? Les gens allaient-ils être confortables?
Puis les prières ont commencé. Un magnifique spectacle de marionnettes retraçant le rêve du père de Bahá’u’lláh a tenu les enfants, et les adultes, en haleine. À la fin de celui-ci, les enfants n’ont pas hésité une seconde à suivre les marionnettistes pour une activité de dessin, pendant que les adultes ont pu parler plus profondément de la venue de Bahá’u’lláh et de la signification de ses enseignements pour l’humanité.
Une cinquantaine de personnes étaient réunis dans notre maison pour célébrer Bahá’u’lláh. J’avais du mal à retenir l’émotion que cela suscitait chez moi et je pense que je n’étais pas la seule.
Tous les enfants sont ensuite revenus chanter « Nous sommes les gouttes » puis « Si puissance est la lumière de l’unité. » Avec un tel enthousiasme qu’ils étaient l’incarnation même des paroles qu’ils chantaient.
Et comme si tout avait été réglé à la minute près, au moment où les enfants ont terminé leur représentation, un magnifique repas iranien a été livré pour régaler tous les convives.
Je ne pouvais pas rêver fête plus digne pour célébrer Bahá’u’lláh et l’apport qu’il a eu dans ma vie, dans mon mariage et dans ma famille. C’était comme si l’esprit de Abdu’l-Baha était parmi nous pendant toute cette célébration, qu’il souriait de voir tous ces gens unis et heureux autour du pouvoir de la foi.
Je n’ai jamais vécu de célébration comme celle-ci. J’ai vraiment eu l’impression que l’esprit de cette fête était différent de toutes celles que j’ai pu vivre avant. Étions-nous portés par l’esprit des célébrations à travers le monde? Avais-je moi-même passé un cap dans ma foi? Y avait-il vraiment quelque chose de différent dans l’air?
Quoi qu’il en soit cette fête a été une magnifique façon pour moi de présenter directement la foi à mes amis, de les imprégner de l’amour de Bahá’u’lláh et de revivifier mon désir de mettre le service au cœur de notre vie.
Nous avions réussi dans notre quartier à organiser une célébration qui ressemblait à l’esprit de notre communauté : chaleureuse, familiale, collective et c’était là la clé de sa réussite.
— Justine Rastello-Gralepois