Discours de clôture du conseiller Ayafor Temengye Ayafor au Congrès national

Publié le : 2022/05/31

Ce qui suit est une transcription des remarques faites par M. Ayafor Temengye Ayafor, membre du Corps continental de conseillers, à la clôture du 72e Congrès national bahá’í, le 2 mai 2022.

J’espère que vous avez trouvé cet espace aussi enrichissant que moi. J’ai beaucoup de réflexions et j’ai examiné les implications de ce Plan de neuf ans pour nous en tant qu’individus, institutions et communauté.

Nous avons commencé cette fin de semaine en parlant de l’analogie de la voile, de l’histoire qui illustre comment ‘Abdu’l-Bahá a géré les affaires de la Cause, de ce qu’il a dit : qu’il tire fermement les voiles du navire et attache solidement les cordages, qu’il fixe sa destination et qu’avec la puissance de sa volonté, il tient le gouvernail et fait route, et ne change pas de cap quelle que soit la menace pour la sécurité du navire. Il me semble que la Maison de justice nous aide à comprendre où nous nous trouvons sur ce parcours sur lequel le Maître bien-aimé a placé l’Arche de la Cause, et je voulais juste souligner quelques-unes de ces choses, chacune d’entre elles nous invitant, je crois, à mener une profonde réflexion.

Dans son message du 30 décembre 2021, la Maison de justice commence par nous dire pourquoi nous avons été créés, pour « travailler à l’amélioration du monde et [pour] vivre ensemble dans la concorde et l’harmonie », et que Bahá’u’lláh a révélé des enseignements qui nous permettent de le faire, que l’édification d’une société qui poursuit consciemment ce but sera le travail non seulement de cette génération, mais aussi des générations futures, et que nous accueillons tous ceux qui travaillent à nos côtés dans cette mission, qui est, à ce stade, axée sur un seul objectif : la manifestation dans des mesures toujours plus grandes des pouvoirs de reconstruction de la société que possède la Foi.

La Maison de justice décrit des « âmes embrasées » que les activités du Plan mobilisent, qui « cherchent à acquérir une compréhension toujours plus profonde des enseignements de Bahá’u’lláh – “ le remède souverain pour tous les maux ” – et à les appliquer aux besoins de leur société. » Elle affirme que les efforts de ces âmes embrasées « avancent à un rythme qui fait alterner action et réflexion » et qu’ils « restent imperturbables face aux revers ».

Et puis elle nous dit qu’il existe des preuves de ce qui se passe lorsque nous essayons de construire des communautés de ce type : « Là où un nombre grandissant de personnes aident à bâtir des communautés de ce type, le pouvoir que possède la Cause de transformer l’existence sociale des populations, ainsi que leur vie intérieure, devient de plus en plus évident. » Si nous poursuivons sérieusement l’objectif central du Plan, elle est certaine que cela permettra « à de très nombreuses communautés semblables de voir le jour ».

La Maison de Justice nous aide ensuite à visualiser ce travail dans le contexte du mouvement des groupements, qui restera le modèle de base pour l’expansion et la consolidation de la communauté, et dans ce contexte, des groupements qui sont allés plus loin nous ont tracé un chemin, et les conseillers et les membres des corps auxiliaires peuvent nous communiquer les observations de ces groupements. Où qu’ils résident, cependant, le défi auquel les amis sont confrontés sur le terrain est essentiellement le même : « Ils doivent être capables de lire leur propre réalité et de se demander : au vu des possibilités et des exigences qui se présentent, quels objectifs serait-il opportun de poursuivre dans le cycle ou la série de cycles à venir ? ».

Le long du parcours de développement d’un groupement, la Maison de justice décrit des quartiers et des centres d’activité intensive qui, bien sûr, mobilisent beaucoup de personnes ; se trouvent à la troisième étape ou entre la deuxième et la troisième étape. Mais elle dit aussi que partout dans le groupement, une activité intensive est également menée par la majorité des croyants. Et elle dit qu’il y a un esprit croissant de participation universelle dans le travail de construction communautaire.

La Maison de justice déclare : « En pratique, cela signifie la mobilisation d’un nombre important de bahá’ís qui appliquent de manière créative et intelligente le cadre d’action du Plan à la réalité de leur propre situation, où qu’ils vivent dans le groupement. Cela implique que les familles et les croyants individuels travaillent ensemble et prennent la décision consciente de se considérer comme appartenant à un noyau en expansion. »

Et, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais dans le dernier Plan, en 2015, lorsque la Maison de la Justice a décrit le mouvement d’un groupement du premier jalon au deuxième jalon, l’ingrédient clé était un noyau en expansion. Elle a dit qu’il fallait qu’émerge un groupe d’amis qui réfléchissent ensemble et organisent des activités, et que ce groupe devait s’élargir.

S’il faut un noyau en expansion pour faire passer un groupement du premier au deuxième jalon, pouvez-vous imaginer les implications pour un groupement qui se trouve au deuxième ou troisième jalon si des centaines de familles et de croyants travaillent ensemble et font un effort conscient pour se considérer comme appartenant à un noyau en expansion ? Nous parlons de centaines de quartiers essentiellement du deuxième jalon autour de chacun de ces noyaux. Dans l’ensemble du groupement, il peut y avoir 100 croyants, il peut y avoir 1000 croyants, mais chaque famille est la graine d’un groupement du deuxième jalon, où qu’elle réside. Vous pouvez donc imaginer ce que cela signifie lorsque nous pensons à apporter les pouvoirs de reconstruction sociale que possède la Foi aux peuples du monde.

Cela a des implications pour les institutions de la Foi, en particulier les assemblées spirituelles locales. En tant qu’institutions de la Foi, nous construisons une armée. Imaginons – comme la Maison de justice nous demande d’envisager les quatre premières années, puis les cinq dernières années du Plan de neuf ans – que les institutions prennent les quatre premières années uniquement pour renforcer la capacité des familles et des individus à se considérer comme un noyau en expansion.

Passer au deuxième jalon implique une vingtaine d’activités en général. Le passage à la troisième étape peut représenter une centaine d’activités. Dans le passé, nous avons raconté un certain nombre d’histoires au sujet d’une seule famille qui, en se considérant comme un noyau en expansion, a pu faire progresser un groupement du premier au troisième jalon. Imaginez ce que cela donne si une centaine de ces familles dans votre groupement sont capables de faire progresser leur noyau, où qu’il se trouve dans le groupement, du premier au troisième jalon. D’une certaine manière, d’un côté vous voyez le mouvement des groupements d’un stade à l’autre, mais ensuite, au sein d’un groupement, le même modèle se répète ; le mouvement des noyaux d’un stade à l’autre, reflétant tout à fait le progrès des groupements.

Il y a seize cycles au cours des quatre premières années du Plan. Il y aura ensuite 20 cycles. Cela représente seize fois qu’une famille peut réfléchir et planifier un cycle, et se poser la question suivante : « À la lumière de ma propre réalité, que puis-je apporter au prochain cycle ? » Après seize périodes de pratique, nous allons mettre ces familles à contribution pour les cinq dernières années du Plan de neuf ans et nous verrons ce qui se produira dans nos groupements.

Dans son message, la Maison de justice parle ensuite de l’institut de formation. Il y a juste deux ou trois choses que je voulais dire sur l’institut de formation. Tout d’abord, il est clair qu’elle nous donne cette vision large et nous demande de voir l’institut de formation comme un moyen puissant de libérer les pouvoirs de reconstruction de la société que possède la Foi. Dans ce contexte, elle dit qu’il est clair qu’il s’agit d’un processus éducatif en état d’affinement constant. Lorsque nous étions à la conférence des conseillers, nous avons eu une session au cours de laquelle des amis décrivaient comment des matériels ont été créés pour compléter ceux de l’institut de formation : cet instrument en constant perfectionnement. L’un des amis de la République démocratique du Congo a raconté – et je voudrais peut-être vous faire écouter un enregistrement – que, dans ses groupements, les jeunes passent par l’institut et que c’est assez simple pour eux de le faire. Ils peuvent lire, ils peuvent comprendre, mais ensuite, lorsqu’ils essaient d’étendre le programme de l’institut au reste de la population – leurs parents, leurs grands-parents – ils mettent tout en chanson. Et le commentaire qu’il a fait est que chaque phrase, chaque paragraphe, dans tous les cours de l’institut, sont mis en chanson. Et alors qu’il disait cela, un ami a dit : « Pouvez-vous chanter une de ces chansons ? ». Et c’est un enregistrement de cela, et je vais vous faire entendre les premières secondes.

[NOTE : Le conseiller fait jouer un court extrait d’un enregistrement d’un groupe qui chante.]

Merci. C’est un peu long, alors je leur ai demandé de ne chanter que quelques minutes.

Et à la fin, on leur a demandé ce que c’était ? Et ils ont répondu : « C’est le cahier 4 ». Dans le cahier 4, on parle du martyre du Báb, et de crise et de victoire, et cette chanson couvre toutes ces sections.

L’autre chose que je voulais mentionner à propos de l’institut, c’est que la Maison de la Justice le confie aux jeunes. Il est dit que les jeunes doivent considérer l’institut comme leur mission sacrée. J’y ai réfléchi et je me suis demandé si, comme la Maison de justice, nous considérions les jeunes comme chargés de cet instrument qui, selon eux, est un moyen puissant de libérer les pouvoirs de reconstruction de la société que recèle la Foi.

Lorsque nous avons commencé à servir dans notre quartier, j’ai fait un rêve à un moment donné au cours duquel je courais dans un champ avec des lions. Ils ne m’attaquaient pas, mais ils couraient à mes côtés. Et quand j’y réfléchissais, j’en ai parlé à certains amis du quartier, et ils ont dit : « Oh, tu sais ce passage du cahier 6 qui parle des lions ? » Et ils ont dit : « Cela fait probablement référence aux jeunes. » Et je me souviens qu’en parlant avec l’un des membres du Centre d’enseignement, elle a dit : « Ces jeunes sont comme des lions. Nous ne devrions pas les garder en cage. » Et je pense que lorsque nous faisons référence à nos jeunes, nous devons penser à eux de cette manière. La Maison de justice leur a permis de voter à 18 ans. Nous oublions souvent qu’à 15 ans, ils sont déjà responsables de leur propre développement spirituel en tant que bahá’ís. Mais les jeunes ont reçu la responsabilité sacrée de l’institut, et j’ai parfois l’impression que ce sont les adultes qui s’inquiètent de la participation des jeunes, alors que les jeunes devraient s’inquiéter de notre participation.

Dans de nombreuses régions du monde, en fait, les jeunes assument la responsabilité non seulement de leur propre développement, mais aussi de celui de leur communauté. Certaines histoires ont été racontées selon lesquelles, par exemple, les jeunes se font demander : « Pourquoi êtes-vous animateur ? Pourquoi passez-vous tout ce temps sur le terrain ? » Et ils répondent : « Parce que si nous n’apprenons pas à nos jeunes à lire la réalité, nous sommes perdus. C’est pourquoi je consacre mon temps au développement de l’institut ». Et je pense que, dans notre communauté, nous aussi nous devons inclure les jeunes dans cette conversation. Nous devons les amener à étudier ce message. Je suis reconnaissant au délégué qui a parlé des documents de la conférence des jeunes de 2013, parce que la Maison de la justice s’adresse vraiment aux jeunes, elle leur donne la responsabilité, et leur permet ensuite de prendre des décisions et de se lever.

Il est intéressant de noter que la Maison de justice utilise un langage similaire pour les noyaux en expansion et pour les jeunes. Pour les noyaux qui s’élargissent, elle dit : « Ces groupes d’amis s’efforcent d’agrandir le cercle des participants à leurs activités en collaborant avec les réseaux appropriés – des réseaux créés grâce à un lieu de travail ou d’études, une école locale, ou un autre type de centre communautaire – et en accompagnant d’autres personnes qui se mobilisent pour servir à leurs côtés. »

Et puis pour les jeunes bahá’ís, quand elle parle du fait qu’elle a donné aux jeunes cette mission sacrée, elle dit qu’ils devraient « saisir chaque occasion – dans leurs écoles et universités, et dans des espaces réservés au travail, à la famille ou à l’interaction sociale – pour encourager de plus en plus d’âmes à profiter des programmes de l’institut. » Ainsi, même nos jeunes doivent se considérer comme des noyaux en expansion et toujours promouvoir l’institut de formation.

Et enfin, la Maison de justice parle des implications pour les institutions de la Foi. Elle parle du fait que nous devons faire avancer ces lignes multiples simultanément, et elle nous donne quatre choses à considérer pour nous aider. Nous devons nous concentrer, mais faire avancer de multiples lignes d’action. Elle dit que nous devons avoir une « vision élargie » ; nous devons avoir « une compréhension nuancée d’impératifs coexistants » ; nous devons avoir « une flexibilité accrue » ; et nous devons avoir « une collaboration institutionnelle renforcée. »

Je voulais aborder l’un de ces éléments : une vision élargie. Si, en tant qu’institutions, nous commençons à considérer les croyants et les amis du groupement comme une armée, la question qui me vient à l’esprit est la suivante : cultivons-nous des pionniers ou des congrégations ? Si nous avons la mission de transformer le monde – compte tenu des forces de désintégration qui s’exercent dans le monde – et que nous voyons que nous avons cette armée, notre façon de nous en servir devrait refléter le fait que nous avons des âmes embrasées. Ces âmes embrasées doivent aller embraser d’autres âmes. Notre but n’est pas de nous réunir et de réfléchir tout le temps, mais de réfléchir brièvement et de sortir et d’agir.

Nous sommes embrasés, et il n’y a plus de temps. Ces âmes doivent être chacune dans leur propre coin. Même lorsque nous parlons de la diffusion des connaissances, de l’apprentissage mutuel, il y a une différence entre le fait de vouloir participer à quelque chose qui se passe, et le fait de vouloir apprendre pour pouvoir le mettre en œuvre là oû je suis, pour voir où se trouve la prochaine étape de mon développement. Ces âmes embrasées qui cherchent toujours à élargir le noyau ont maintenant toujours soif de savoir ce que les autres apprennent. C’est un certain type de milieu que, en tant qu’institutions, nous devons créer dans nos communautés.

Pour conclure, mes amis, je veux simplement vous dire qu’après tout cela, la Maison de justice affirme que le contexte de ce qui a été décrit est une mission historique. Elle écrit : « Nous espérons vous avoir fait comprendre, dans ces pages, que la capacité actuelle de la communauté bahá’íe, combinée à la discipline qu’elle a acquise en adhérant à un cadre d’action cohérent, l’a préparée à une vaste et rigoureuse mise à l’épreuve de toutes ses ressources, tant spirituelles que matérielles. »

La Maison de justice déclare que le Plan « exigera du croyant, de la communauté et des institutions des efforts qui rappelleront ceux que le Gardien a demandés au monde bahá’í au début de la Croisade de dix ans ». Quand je pense à cela, je pense au sacrifice qui a été fait par tous ces amis, se dispersant à travers le monde pour établir des communautés bahá’íes dans différentes régions, différents pays ; ils ne savaient pas où ils allaient. Parfois seuls, ou en famille. Ils partaient vraiment en mission – un bouleversement complet de leur vie sur le chemin de leur Bien-aimé. Et maintenant, je peux imaginer que chaque famille, où qu’elle réside, commence à travailler et à penser à elle-même de cette manière, à acquérir une compréhension plus profonde de qui elle est et de ses responsabilités pour contribuer à l’amélioration du monde, et à former un noyau, à faire partie d’un noyau, qui s’agrandit cycle après cycle alors qu’elle s’attelle à cette mission avec concentration et détermination.

Je pense aux institutions de l’époque. Si vous pouviez imaginer les institutions qui envoyaient tous ces amis, quel poids pesait sur leurs épaules ? Je ne sais pas où j’envoie cette personne. Que va-t-il lui arriver ? Mais elles encourageaient les jeunes, les jeunes couples, les personnes âgées. La personne la plus âgée parmi les pionniers avait plus de 80 ans, et les institutions les ont laissés tout abandonner et partir. Et je me demande ce que cela implique pour nos institutions aujourd’hui ? Nous devons voir la capacité qui s’est déjà développée dans notre communauté. Chaque croyant aujourd’hui a beaucoup plus de capacités que les croyants qui se sont levés pour partir. L’institut de formation a construit cela pour nous. Et pour notre communauté, voir que nous avons cette abondance de capacité, et travailler avec eux de cette façon, les voir comme une armée.  ‘Abdu’l-Bahá dit dans l’une de ses prières dans les Tablettes du plan divin qu’il s’agit d’une « armée céleste », et il veut que chacune de ces âmes devienne « tel un régiment, [et conquiert] ces régions par l’amour de Dieu et la lumière des enseignements divins ».

Je pense à la communauté et au milieu qu’elle avait créés et qui étaient si concentrés sur la réalisation des objectifs de la Croisade de dix ans et je me demande comment aujourd’hui notre communauté peut être aidée à rester concentrée sur ce seul objectif de libérer les pouvoirs de reconstruction de la société que possède la Foi dans une mesure toujours plus grande. La Maison de justice déclare : « Si, par la grâce de Dieu tout-puissant, les amis devaient parvenir à atteindre les sommets d’héroïsme auxquels ils sont appelés, l’histoire ne manquerait pas de rendre hommage à leurs actions dans des termes non moins élogieux que ceux par lesquels elle honore les actes glorieux qui figurent dans les annales du premier siècle de l’Âge de formation ».

L’histoire attend notre communauté. Nos propres actions orneront-elles les annales de ce siècle de l’âge formatif ? Tout ce que l’on nous demande, c’est de réussir à atteindre les mêmes sommets d’héroïsme que ceux auxquels nous avons été appelés. À l’instar de tous les amis qui se sont levés lors de rassemblements comme celui-ci pour répondre aux objectifs de la Croisade de dix ans – certains se sont levés spontanément et sont partis – nous devons tous nous lever et décider d’être les champions de ce Plan de neuf ans et nous engager à atteindre ces sommets d’héroïsme. Et nous devons ramener cet esprit avec nous dans nos circonscriptions et nos communautés.

Merci, chers amis.

 

*Toutes les citations (à l’exception de la prière ci-dessus) sont tirées du message du 30 décembre 2021 de la Maison universelle de justice à la Conférence des Conseils continentaux des conseillers.