Discours de bienvenue du Maître

Publié le : 2013/08/05

Le 2 septembre 1912, résidence Maxwell

Je suis vraiment très heureux de vous rencontrer. Dieu soit loué, j’ai devant moi des âmes dotées d’aptitudes peu communes, et capables de progrès spirituel. En réalité, les habitants de ce continent ont un grand potentiel ; ils me rendent heureux, et je prie Dieu de les confirmer et de les aider à progresser dans tous les degrés de l’existence. Puissent-ils connaître, dans le domaine idéel, le même progrès que dans le domaine matériel car, sans progrès spirituel, le progrès matériel est inutile et ne donne aucun résultat durable. Par exemple, quel que soit le niveau d’entraînement et de développement du corps humain, la condition de l’homme ne peut vraiment progresser que si son esprit évolue de façon proportionnelle. L’être humain a beau acquérir des vertus matérielles, sans faveurs spirituelles, il ne pourra réaliser ni exprimer le plein potentiel de la vie. Dieu a soumis tout ce qui existe sur la terre à la loi du progrès matériel par degré mais, en créant l’être humain, il lui a conféré le pouvoir de progresser vers les royaumes de la spiritualité et de la transcendance. Il n’a pas créé les phénomènes matériels à son image et à sa ressemblance, mais il a créé l’homme à cette image et l’a doté du potentiel d’atteindre cette ressemblance. Il a accordé à l’être humain un rang supérieur à celui de tout le reste de la création. Tout ce qui a été créé, à l’exception de l’homme, est prisonnier de la nature et du monde des sens, mais l’être humain possède en lui un pouvoir idéal grâce auquel il peut percevoir les réalités intellectuelles et spirituelles. Dieu a produit tout ce qui est nécessaire à la vie ici-bas, mais il a créé l’être humain pour refléter les qualités divines. Réfléchissez au fait que l’être le plus achevé de la création après l’homme est l’animal, qui est supérieur à toutes les formes de vie, sauf à l’être humain. De toute évidence, l’animal a été créé pour cette vie terrestre, et exceller sur le plan matériel représente le plus haut degré de perfection qu’il puisse atteindre. L’animal est parfait quand il est en santé et qu’il a l’usage de tous ses sens. Lorsqu’il est bien portant et physiquement fort, lorsqu’il trouve nourriture et environnement répondant à ses besoins, il atteint le summum de la perfection de son règne. Mais l’être humain ne dépend pas de ces éléments pour développer ses vertus. Si parfaites que soient sa santé et ses forces physiques, si c’est là son seul accomplissement, il n’a pas dépassé le niveau d’un animal parfait. Par-dessus tout, Dieu a ouvert à l’homme la voie menant aux qualités et aux réalisations spirituelles. Il a fait naître en lui les mystères du royaume divin. Il lui a accordé l’entendement afin que, grâce à sa faculté de penser, si elle est fortifiée par l’Esprit saint, il puisse découvrir et pénétrer les réalités idéales, et connaître les mystères de l’univers des significations. Comme cette capacité de pénétrer la connaissance est surhumaine, surnaturelle, l’homme constitue le lieu où se rencontrent les forces spirituelles et matérielles, de telle sorte que l’esprit divin se manifeste en lui, que la lumière du Royaume brille dans le sanctuaire de son cœur, que les signes des qualités et des perfections divines se renouvellent, que la gloire immortelle et la vie éternelle se réalisent, que la connaissance de Dieu répande sa lumière et que les mystères du monde se révèlent.

L’homme est semblable à une lampe, alors que l’éclat du Royaume est la lumière que projette cette lampe. L’homme est comme le globe de verre de la lampe, alors que les splendeurs spirituelles sont la lumière à l’intérieur de ce globe. Si translucide que soit le verre, tant qu’aucune lumière ne brille à l’intérieur du globe, il demeure obscur. De même, quelle que soit l’ampleur de ses réalisations matérielles, l’être humain demeurera tel un globe sans lumière s’il est dépourvu de qualités spirituelles. Les capacités matérielles sont celles d’un corps parfait, mais ce corps a besoin de l’esprit, et si beau, si parfait soit-il, sans l’esprit et sa force, il est sans vie. Cependant, lorsque ce corps s’associe à l’esprit et reflète la vie, perfection et vertu se réalisent en lui. Privé de l’Esprit saint et de ses bienfaits, l’être humain est spirituellement mort.

Les enfants, par exemple, si bons et purs soient-ils et si parfaite leur santé, sont néanmoins considérés comme imparfaits, car le pouvoir de l’entendement n’est pas pleinement manifeste chez eux. Quand leur capacité intellectuelle exerce pleinement son influence et qu’ils atteignent l’âge de la maturité, on les considère comme parfaits. De la même façon, quels que soient ses progrès dans les affaires de ce monde et dans le développement de la civilisation matérielle, l’être humain demeure imparfait à moins d’être animé par les dons de l’Esprit saint ; car il est évident que, jusqu’à ce qu’il reçoive cette impulsion divine, il reste ignorant et démuni. C’est pourquoi Jésus-Christ a dit : « Nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » Par ces paroles, le Christ déclarait qu’à moins que l’homme ne se libère du monde physique, qu’il ne s’affranchisse du matérialisme et ne reçoive une part des bienfaits du monde spirituel, il serait privé des dons et des faveurs du royaume de Dieu ; au mieux pourra-t-on dire de lui qu’il est un animal parfait. Personne ne pourra à juste titre l’appeler « homme ». Ailleurs, Jésus dit aussi : « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. » Cela signifie que si l’homme est prisonnier de la nature, il est comme un animal, car il n’est qu’un corps né sur le plan physique, c’est-à-dire qu’il appartient au monde de la matière et vit sous la loi et la domination de la nature. Mais s’il est purifié par l’Esprit saint, libéré de l’asservissement à la nature, délivré des tendances animales et qu’il progresse dans le monde, il est apte à accéder au royaume divin. Le Royaume est le domaine des dons et des bienfaits divins. C’est l’accès aux plus grandes vertus humaines ; c’est être près de Dieu ; c’est la capacité de recevoir les faveurs de l’antique Seigneur. Quand l’homme atteint ce rang, il parvient à la seconde naissance. Avant sa première naissance, sa naissance physique, l’homme était dans la matrice. Il n’avait aucune connaissance de ce monde extérieur ; ses yeux étaient aveugles, ses oreilles, sourdes. Quand il a quitté la matrice, il a découvert un autre monde. Le soleil brillait de tout son éclat, la lune illuminait le ciel, les étoiles scintillaient au firmament infini, la mer s’agitait, les arbres verdoyaient, des créatures de toutes sortes profitaient de la vie, et des faveurs infinies l’attendaient. Dans la matrice, rien de tout cela n’existait, et il ignorait tout de la grande diversité de la vie ; en fait, il aurait nié l’existence même de ce monde. Mais après sa naissance, il a peu à peu ouvert les yeux et découvert les merveilles de cet univers infini. De la même façon, tant que l’homme demeure dans la matrice du monde humain, tant qu’il est prisonnier de la nature, il est coupé de l’univers du Royaume et en ignore tout. S’il renaît pendant qu’il est dans le monde physique, alors il connaîtra le monde divin. Il constatera qu’un autre monde, plus grand encore, existe ; que lui sont réservées des faveurs exceptionnelles ; que la vie éternelle l’attend ; que la gloire immortelle l’enveloppe. Tous les signes de la réalité et de la grandeur y sont présents. Il y verra la lumière divine. Il aura accès à toutes ces expériences lorsqu’il passera du monde physique au monde divin. Par conséquent, pour l’homme parfait, il y a deux naissances : la première est la naissance physique, lorsqu’il quitte le sein de sa mère ; la seconde, la naissance spirituelle, quand il se libère du monde physique. Dans les deux cas, il ignore tout de la nouvelle vie qui l’attend. Renaître signifie donc se délivrer de la nature, se détacher de cette vie physique et mortelle. Voilà la seconde naissance, la naissance spirituelle dont Jésus-Christ a parlé dans les Évangiles.

La plupart des gens sont prisonniers de la matrice du monde physique, submergés par la mer de la matérialité. Nous devons prier pour qu’ils renaissent, pour qu’ils perçoivent les réalités spirituelles, pour qu’ils soient dotés d’un cœur nouveau, d’un pouvoir transcendant renouvelé, et pour que, dans le monde éternel, ils bénéficient perpétuellement des faveurs divines.

Aujourd’hui, l’humanité marche dans les ténèbres parce qu’elle n’est plus en contact avec le monde divin. C’est la raison pour laquelle on ne peut percevoir les signes de Dieu dans le cœur humain. Le pouvoir de l’Esprit saint n’a plus aucune influence. Quand une lumière divine et spirituelle se manifeste à l’humanité, quand apparaissent des directives et des enseignements divins, alors l’illumination en résulte, un esprit nouveau se réalise, une puissance nouvelle s’établit, et une vie nouvelle apparaît. On peut comparer cela au passage du règne animal au règne humain. Quand l’homme aura acquis ces vertus, l’unité de l’humanité sera révélée, l’étendard de la paix universelle sera hissé, l’égalité entre tous les êtres humains, réalisée, et l’Orient et l’Occident seront réunis. La justice divine sera alors manifeste, tous les êtres humains seront comme les membres d’une même famille, et chaque membre de cette famille consacrera sa vie à la coopération et à l’entraide. La lumière de l’amour de Dieu brillera, le bonheur éternel sera dévoilé, la joie impérissable et les délices spirituelles, réalisées.

Je vais prier, et vous devez aussi prier pour que ces bienfaits célestes se réalisent, pour que la rivalité et la haine soient bannies, que la guerre et les effusions de sang disparaissent, que les cœurs communient pleinement et que tous les peuples boivent à la même fontaine. Puissent-ils tirer leur connaissance de la même source. Puissent tous les cœurs être éclairés par les rayons du Soleil de réalité, être admis à l’école divine, acquérir des vertus spirituelles et aspirer aux bienfaits célestes. Alors, ce monde matériel, phénoménal, deviendra le miroir du monde divin, et dans ce miroir pur se refléteront les vertus divines du royaume de la puissance.