Réflexions d’une grand-mère-animatrice
La jeune Faith Lupick et Maureen Flynn-Burhoe, une amie de Lindsay, participent à un projet de service en collaborant à l’entretien d’un jardin communautaire. Photo, courtoisie de Maureen Flynn-Burhoe.
Reconnaître les besoins de sa communauté et y répondre peut prendre diverses formes, comme offrir un espace ou du transport, appuyer des efforts de rayonnement ou animer une activité. Cette grand-mère de Calgary a dû apprendre rapidement à se lever et à répondre aux besoins qui se présentent, y compris celui d’animer un groupe de préjeunes.
Mon mari et moi avons déménagé à Calgary, en Alberta, il y a cinq ans pour apporter un soutien à la jeune famille de deux de nos fils. Nous vivons dans un complexe de condominiums dans un quartier agréable et, bien que la possibilité d’offrir un cours pour enfants se soit présentée très rapidement, mes efforts pour créer un groupe de préjeunes n’ont pas abouti. Un de nos fils habite près de chez moi et j’ai parlé à deux de ses voisins. Je me suis vite rendu compte que l’obstacle majeur dans un quartier relativement prospère est que les enfants ont une leçon de piano le lundi, une activité scoute le mardi, un cours de natation le mercredi, une activité du club d’échecs le jeudi, etc. Je me suis donc concentrée sur ma classe d’enfants du samedi matin, qui était entièrement composée d’enfants bahá’ís, dont les parents considéraient comme prioritaire l’éducation spirituelle de leurs enfants, et j’ai cherché à m’en contenter. Mais l’idée de créer un groupe de préjeunes ne m’a jamais quitté, d’autant plus que dans un message après l’autre les institutions de la Foi nous ont rappelé la nature prometteuse du programme d’habilitation spirituelle des préjeunes.
Il y a environ un an, une famille a emménagé dans le condo de l’autre côté de la rue. J’avais pensé qu’il conviendrait de travailler au développement communautaire dans notre complexe, et je suis depuis devenue le comité d’accueil des nouveaux occupants. Je suis allée me présenter et leur offrir des biscuits et une plante. Il se trouve que leur famille était de Cali, en Colombie, et qu’ils avaient trois filles – des jumelles de 13 ans et une fillette de 9 ans. En moins de cinq minutes, la mère parlait déjà de la nécessité de donner aux enfants, surtout aux filles, une éducation morale. J’ai pris un grand respir, et j’ai dit que, lorsqu’ils reviendraient d’un voyage en Colombie, je leur parlerais de quelques programmes susceptibles de les intéresser.
Après leur retour, nous avons commencé à nous inviter mutuellement à souper et les filles venaient faire des biscuits, des tartes et des gâteaux avec moi. Leur plus jeune a commencé à participer à notre classe d’enfants et les sœurs plus âgées étaient prêtes à s’inscrire à un programme pour préjeunes. Je les ai amenées visiter un groupe existant de notre secteur, mais tous les participants sauf un étaient des garçons, ce qui a beaucoup réduit l’enthousiasme des filles. J’ai décidé que je ferais mieux d’essayer de trouver d’autres préjeunes près de chez nous.
Plus tôt, dans mes premières tentatives, je n’avais pas pensé à approcher les voisins de notre fils, mais ils ont aussi deux filles jumelles du même âge que les filles de nos voisins. Je me suis donc proposé de leur parler. J’ai répété une présentation sur les objectifs et la raison d’être du programme pour préjeunes et je suis allée à la rencontre de leur autobus scolaire, où leur mère les attendait. Je lui ai parlé du programme, et juste au moment où je la rassurais qu’il ne s’agissait pas d’un programme d’endoctrinement religieux, elle m’a interrompu et a dit : « Si l’activité a quelque chose à voir avec la foi bahá’íe, vous pouvez compter sur nous. » En rentrant chez elle, elle a annoncé à ses jumelles qu’elle les avait inscrites à un groupe de préjeunes.
L’une voulait participer, l’autre pas. La mère, une femme astucieuse, a téléphoné à la mère de la meilleure amie de sa fille et, avec le peu de connaissances qu’elle avait du programme, a réussi à la convaincre d’inscrire également sa fille. C’était suffisant pour convaincre sa fille. Nous avions donc maintenant cinq participantes. Il me fallait tout de suite trouver un animateur!
Il y avait une fête de dix-neuf jours plus tard cette semaine. Assise à la fête, toujours préoccupée par l’idée de trouver un animateur, j’ai levé les yeux, et ai vu, assise en face de moi, une adolescente de 15 ans qui avait terminé le programme pour préjeunes. Je lui ai demandé si elle avait déjà pensé à animer un groupe de préjeunes, et elle a dit qu’elle avait essayé d’en trouver un. Notre groupe a commencé à se rencontrer dès la semaine suivante.
Dolores Lindsay et sa coanimatrice, Faith Moghaddami, occupées à entretenir un jardin communautaire. Photo, courtoisie de Maureen Flynn-Burhoe.
Tout s’est passé à merveille pendant quelques mois. Le groupe se réunissait chez moi, je préparais des collations et écoutais avec admiration depuis la pièce voisine pendant que la jeune animatrice devenait amie avec les préjeunes et encourageait des liens d’amitié à se former entre elles. Plus tard, elle est devenue occupée — très occupée — avec ses devoirs, ses leçons de piano et son équipe de natation, et ses parents ont annoncé qu’elle n’avait plus le temps d’animer le groupe. Après de nombreuses consultations, ils se sont dits d’accord pour qu’elle anime le groupe toutes les deux semaines.
Cela n’allait bien sûr pas suffire. J’avais appris que les activités de base doivent d’abord et avant tout avoir lieu régulièrement. J’ai soudainement compris que j’étais sur le point de me lancer dans une nouvelle carrière, en tant qu’animatrice d’un certain âge, en service au moins toutes les deux semaines, en fonction des devoirs de ma collègue et de son calendrier d’examens.
Je suis surprise de constater que ça va plutôt bien. Ma jeune amie et moi avons des compétences, une expérience et des styles complémentaires. J’ai tendance à être plus autoritaire qu’un animateur idéal ne devrait l’être — j’ai par exemple persuadé les filles d’essayer de travailler dans un jardin communautaire, à titre de projet de service, une idée qu’elles ont vraiment aimée, malgré leurs réserves initiales — et je planifie chaque réunion du groupe avec autant de soin que je planifie un cours pour enfants. Ma collègue, quant à elle, maîtrise l’art de composer spontanément avec chaque situation, d’encourager les filles à s’ouvrir et de leur donner l’espace et la liberté d’exprimer leurs véritables sentiments.
La famille colombienne a soudainement retiré ses filles des deux activités de base (crise et victoire!), à peu près à l’époque de la première communion de la plus jeune. Nous sommes restés en bons termes. Deux autres filles se sont récemment jointes au groupe. Il y a donc encore six participantes autour de la table de notre salle à manger, les mardis soir.
Ce qui est remarquable, ce sont les liens rapides et profonds qui se sont formés entre les familles des filles. Celles-ci se voient presque toutes les fins de semaine. Et la sœur cadette des jumelles qui restent a décidé de se joindre à notre classe d’enfants. C’est vraiment un programme qui parvient à développer une communauté.
— Dolores Lindsay