Message de l’Assemblée spirituelle nationale – le 6 avril 2018
Aux bahá’ís du Canada
Très chers amis,
Dans sa lettre du 26 mars 2016 aux bahá’ís des États-Unis et aux bahá’ís du Canada, la Maison universelle de justice écrivait : « Le processus d’entrée en troupes qui s’est timidement amorcé lors de la Croisade de dix ans, et a été soutenu durant les décennies qui ont suivi, se déroule maintenant de façon systématique grâce à un processus rigoureux de construction communautaire, dans un centre après l’autre de tous ces pays et territoires que ‘Abdu’l-Bahá a désignés il y a si longtemps. Vos communautés soeurs, dont vous avez aidé un si grand nombre à voir le jour, sont aujourd’hui bien établies, et vous vous tenez à leurs côtés, prêts à relever les défis plus redoutables qui sont à prévoir. Le mouvement de vos groupements jusqu’aux plus lointaines frontières de l’apprentissage inaugurera l’époque qu’avait anticipée Shoghi Effendi au moment où vous entrepreniez vos efforts collectifs, époque durant laquelle les communautés que vous bâtissez combattront directement les forces de la corruption, du laxisme moral et des préjugés profondément enracinés qui rongent le coeur même de vos sociétés, et finiront par les éradiquer. »
Cette description émouvante établit un lien direct entre l’héritage du Canada et son avenir, elle associe le travail pionnier des premières années, partout dans le monde, à sa forme actuelle dans les quartiers et les villages, et relie l’héroïsme que les paroles du Maître bien-aimé ont inspiré au coeur de ceux qui l’aiment à la réponse enthousiaste que donnent aujourd’hui d’innombrables amis à l’appel à aller à la rencontre du « grand nombre possible de segments de la société et [de] tous ceux avec qui [nous entretenons] des relations — que ce soit en raison de liens familiaux ou d’intérêts communs, d’un travail ou d’un champ d’études, de rapports de bon voisinage ou de simples rencontres fortuites —, afin que tous puissent se réjouir de l’avènement, il y a exactement deux cents ans, de Celui qui allait être le Porteur d’un nouveau Message pour l’humanité[1]. » Durant la première phase du Plan, jusqu’à la célébration du bicentenaire de la naissance de Bahá’u’lláh, l’élargissement sans précédent de la conversation à plus de 100 000 âmes constituait une offrande d’amour, qui Lui était adressée.
À mesure que cette conversation a pris de l’ampleur durant la première phase du Plan, se sont développées les capacités d’agir avec intensité et détermination, de travailler en groupes pour planifier et organiser, d’inviter et d’accueillir des amis aussi bien que des inconnus, d’enseigner avec assurance de façon directe et systématique. D’immenses forces spirituelles ont été libérées et elles doivent maintenant être canalisées durant cette seconde phase qui mène au deux centième anniversaire de la naissance du Báb, au cours de laquelle est requise la plus grande part de l’effort nécessaire pour réaliser les buts du Plan.
Potentiellement, chaque personne qui a répondu à une invitation à célébrer la Naissance de Bahá’u’lláh est un protagoniste du processus de construction communautaire. La Maison de justice a écrit : « Il est toutefois probable que le véritable pouvoir de transformation de la Foi sera plus facilement perceptible si les gens constatent par eux-mêmes comment l’adoration et le service utile font partie intégrante de la vie des bahá’ís dans le monde entier. Un modèle de vie collective dans lequel quiconque peut reconnaître l’influence vivifiante des enseignements divins apportés par les Manifestions de Dieu émerge en effet des activités de construction communautaire [du Plan de cinq ans][2]. » Un changement de culture commence à prendre racine, nourri par une ouverture vers l’extérieur, par une confiance en l’interaction de la parole de Dieu et de l’âme humaine, par une adhésion enthousiaste « aux approches explorées dans les cours de l’institut », à un entretien consciencieux de « la vie communautaire en multipliant les activités fondamentales », à une approche audacieuse des « populations réceptives » pour « leur enseigner la Foi ».[3]
Malgré que vous les connaissiez bien, nous prenons maintenant un moment pour décrire ces éléments de la croissance. Dans son message aux bahá’ís du Canada, qui a été étudié aux congrès de circonscription, l’Assemblée nationale mentionnait le paysage, nouveau et prometteur, qui se dessine au Canada, entre les mains de jardiniers chevronnés et éclairés. En tant que jardiniers, que cultivateurs de la Cause, vous avez maintenant la certitude que c’est dans les cadres plus intimes des quartiers et des villages que nous pouvons le mieux créer une communauté dynamique et saine. « Le modèle de vie communautaire doit être développé dans des endroits où la réceptivité grandit, dans ces petits centres de population où une activité intense peut être soutenue. C’est dans ces endroits, quand le travail de construction communautaire s’effectue dans un champ d’action aussi restreint, que les dimensions indissociables de la vie communautaire s’expriment avec le plus de cohérence, c’est là que le processus de transformation collective se fait le plus sentir — c’est là qu’avec le temps, le pouvoir de reconstruction sociale que possède la Foi devient le plus visible. […] [P]our que les programmes de croissance existants continuent de se renforcer, la stratégie consistant à mettre sur pied des activités de construction communautaire dans des quartiers et des villages qui s’annoncent prometteurs doit être largement adoptée et appliquée de façon systématique[4]. »
Les premiers pas sur ce sentier peuvent être faits par de l’enseignement direct, par la formation d’une classe pour enfants, par la tenue d’une réunion de prière ou par la création d’un cercle d’étude, mais l’expérience nous a clairement montré que le programme d’autonomisation spirituelle des préjeunes est le moyen le plus efficace de bâtir une communauté qui parvient à obtenir la participation de tous ses membres, peu importe leur âge. Pour qu’un programme pour préjeunes prospère, il a besoin d’un cercle de plus en plus grand de jeunes dévoués. Pour que ce cercle s’agrandisse et que ces jeunes soient appuyés dans le travail exigeant qui consiste à servir les plus jeunes et leur famille, la communauté entière doit développer les capacités qui lui permettent d’établir des liens, d’enseigner, de fournir les ressources nécessaires, de changer le caractère dévotionnel d’un quartier et d’introduire le souvenir de Dieu dans la vie quotidienne d’une population. Dans un tel environnement, on peut rapidement déceler la réceptivité dans le désir de servir et de participer à la transformation du monde.
Ceci est clair : nous sommes arrivés à un moment décisif. La présente lettre est rédigée avec une joyeuse admiration pour tout ce qui a été accompli. Elle vise aussi à souligner l’urgence du moment. C’est un appel à l’action.
Le premier appel s’adresse à chaque croyant. Il lui enjoint de faire preuve d’une intensité, d’une concentration et d’un dévouement renouvelés dans le travail d’enseignement, d’ici le bicentenaire de la naissance du Báb, peu importe les circonstances et les possibilités qui s’offrent à lui. Que vous viviez dans un petit village avec quelques amis qui ont entendu parler de la Foi, ou dans une vaste métropole où des populations entières sont maintenant attirées vers elle, combien de temps pouvez-vous consacrer, chaque jour, chaque semaine, chaque mois, au travail d’enseignement ? Comment chacun de vous peut-
il approfondir la conversation qu’il a avec ceux avec qui il a célébré la Gloire de Dieu ? Quelles mesures extraordinaires sont possibles, même au-delà de ce qui semble maintenant faisable ?
Là où les cycles d’activité sont devenus réguliers, serait-il possible que chaque âme organise sa vie pour être en mesure de participer pleinement aux projets et aux campagnes d’enseignement de la phase d’expansion, aux activités d’enseignement et d’approfondissement de la phase de consolidation et aux réunions de réflexion et de planification ? Là où ces cycles n’ont pas encore été établis, serait-il possible à un groupe d’amis de commencer à penser ensemble de cette façon systématique ? Serait-il possible de faire des efforts pour développer davantage la capacité de travailler ensemble dans le cadre d’efforts collectifs, de faire de l’enseignement direct, de multiplier les activités fondamentales, et de rehausser le caractère dévotionnel de la vie communautaire? Il faudra du temps — ce don des plus précieux — les fins de semaine, les vacances, les soirs, même quand le désir de se reposer est très fort. L’héroïsme de ce jour réside en de tels sacrifices.
Un modèle est en train de prendre forme, où, parallèlement aux efforts entrepris dans l’ensemble d’un groupement pour enseigner dans tous les contextes qui s’offrent aux amis, des équipes de personnes de tous âges visitent des jeunes, des préjeunes et leurs familles, pour leur communiquer une vision de la croissance, explorer ensemble la révélation de Bahá’u’lláh, les inviter à participer aux cours de l’institut et pour lancer de nouvelles activités. Cette approche a prouvé son efficacité et devrait être appliquée dans un groupement après l’autre. Il est particulièrement crucial que des efforts collectifs soient périodiquement faits dans ce sens, et cela exige que tous les membres de la communauté s’engagent à y participer et à l’appuyer.
Les implications du fait que nous sommes arrivés à ce stade sont claires : chaque groupement qui approche du second jalon ou qui le franchit a besoin de se concentrer sur un quartier; le travail dans un quartier peut le mieux être appuyé quand l’effort vise à multiplier les groupes dynamiques de préjeunes; la multiplication des groupes de préjeunes nécessite l’existence d’une véritable armée, composée particulièrement, mais pas exclusivement, de jeunes, dont un grand nombre consacrent leur temps à servir au sein d’une population, et exige qu’on facilite son mouvement, alors qu’ils apprennent à développer ses plus jeunes générations au moyen de la formation de l’institut. Dans ce contexte, les efforts s’intensifieront pour mobiliser des animateurs au sein de la collectivité. Des conversations auront lieu, des amitiés se formeront, le désir de servir s’éveillera, une formation développera les capacités, des épreuves surviendront : toutes ces choses feront appel à l’amour et à l’appui de la communauté, qui accueillera graduellement les jeunes générations et leur famille en son sein.
Le second appel s’adresse donc aux jeunes de la communauté : les jeunes du secondaire, les jeunes adultes qui poursuivent une éducation postsecondaire, les jeunes familles qui entament de nouvelles étapes de leur vie. Beaucoup dépend de vous, mais vous êtes entourés d’une communauté qui est prête à vous appuyer et à vous soutenir sans réserve, se réjouissant de se voir progresser elle-même, en un tout interdépendant et naturel. Encore une fois, la situation exige du temps, des moments de la vie qui, vos aînés le savent, passent très vite, mais qui, quand on est jeune, semblent durer toujours. Nous avons besoin d’animateurs pour établir et renforcer le programme d’autonomisation spirituelle des préjeunes, le moyen le plus efficace de créer un mouvement dans un quartier. Des pionniers devront s’établir dans les quartiers et les villages, s’engageant à long terme à connaître une certaine population. Toutefois, dans une lettre datée du 23 mai 2016, la Maison universelle de justice décrit un modèle qui profite de périodes pouvant être brèves : « Si de nombreux amis qui désirent servir à ce titre peuvent s’y engager pour plusieurs années, d’autres ne sont en mesure d’offrir que de plus courtes périodes, et parfois aussi peu que trois mois. Ces amis peuvent insuffler un esprit de service désintéressé et transmettre la précieuse expérience de groupements plus forts à ceux qui émergent. Par la suite, très inspirés et enrichis, ils rentrent dans leurs communautés et sont à même de contribuer encore plus efficacement au progrès de leurs propres groupements. Nous espérons que les amis, surtout les jeunes
qui ont peut-être le temps et la ferme volonté de le faire durant leurs congés prolongés, profiteront de cette occasion pour s’engager ainsi dans la voie du service pionnier. » Notre espoir est que des centaines d’étudiants des niveaux secondaire et universitaire prévoient d’y consacrer régulièrement du temps durant leurs étés et leurs congés, appuyés résolument par leur famille et leur communauté.
Les 119 groupements du Canada qui ont un programme de croissance visent à établir un programme intensif de croissance d’ici la fin du Plan, contribuant ainsi à un objectif mondial de 5000. Vingt-trois autres groupements font leurs premiers pas le long du continuum de la croissance. Nous lançons aux amis de chacun de ces 119 groupements le défi d’entamer le travail dans un quartier, ou de le renforcer, en tentant prioritairement d’en apprendre plus sur une population réceptive, qui se saisira de la révélation de Bahá’u’lláh et l’appliquera à ses propres conditions matérielles et spirituelles. Pour que cela se produise, comme nous l’avons observé dans un groupement après l’autre, il est nécessaire d’établir un programme élémentaire d’autonomisation spirituelle auquel de 50 à 100 préjeunes participent — formant de 5 à 10 groupes. C’est là le travail qui doit maintenant se faire — un travail urgent, joyeux, concerté et sacré. Pas à pas, un coeur, une rue, un quartier à la fois, un nouveau monde s’édifie. « Dans cette noble activité, tous trouvent un rôle, et nul ne devrait se priver de la joie que procure la participation à cette entreprise. Nous demandons instamment à l’unique Bien-Aimé que toute cette année du bicentenaire soit remplie de la joie la plus pure et la plus douce : celle d’annoncer à une autre âme que le Jour de Dieu est arrivé[5]. »
L’an dernier, l’Assemblée nationale annonçait la joyeuse nouvelle que des mesures avaient été prises pour rendre le pèlerinage plus accessible à un plus grand nombre et à une plus grande diversité de croyants. Nous vous le rappelons, alors que vous songez aux moyens de donner une puissante impulsion à vos projets pour les cycles restants du Plan. Toutefois, nombreux sont ceux pour qui il ne sera pas possible de visiter le Centre mondial bahá’í. L’Assemblée nationale lancera donc bientôt un programme spécial de visites du Sanctuaire de Montréal, qui a été béni par les pas de ‘Abdu’l-Bahá en 1912, et qu’il a appelé son foyer. Nous vous communiquerons bientôt d’autres nouvelles à ce sujet.
Dans les notes de ceux qui ont été en présence de ‘Abdu’l-Bahá durant ces précieux jours, un compte rendu le décrit, debout près d’une fenêtre, regardant silencieusement à l’extérieur. Quand on lui demanda ce qu’il faisait, il répondit qu’il appelait les âmes. De quelle autre façon pourrions-nous conclure cette lettre si ce n’est en évoquant cette image, avec l’expression de notre amour et la promesse de nos ardentes prières pour le travail que vous faites pour appeler ces âmes ? Dans quelques brèves semaines, les membres des assemblées spirituelles nationales du monde se rassembleront en Terre sainte pour élire la Maison universelle de justice. Vous serez avec nous au Seuil sacré.
Recevez nos chaleureuses salutations bahá’íes.
L’ASSEMBLÉE SPIRITUELLE NATIONALE DES BAHÁ’ÍS DU CANADA
La secrétaire,
Karen McKye
[1] La Maison universelle de justice, lettre du 18 mai 2016
[2] Ibid.
[3] La Maison universelle de justice, lettre du 1er mai 2006, écrite de sa part à l’Assemblée spirituelle nationale du Canada
[4] La Maison universelle de justice, lettre du 29 décembre 2015 à la conférence des corps continentaux de conseillers.
[5] La Maison universelle de justice, message aux bahá’ís du monde, Ridván 2017