Message de l’Assemblée spirituelle nationale concernant la participation à des manifestations publiques et aux échanges sur les médias sociaux

Publié le : 2022/10/05

Le 30 septembre 2022 / le 4 volonté 179

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Chers amis bahá’ís,

Au cours des derniers mois, les nouvelles provenant d’Iran ont mis en évidence l’injustice persistante à laquelle doivent faire face de nombreux habitants de ce pays, y compris nos frères et sœurs bahá’ís. Les nouvelles vagues de persécution dont sont victimes les bahá’ís ont déclenché une nouvelle vague mondiale de protestations contre l’oppression gratuite dans laquelle le gouvernement tient son propre peuple. Notre Bureau des affaires publiques a été en communication régulière avec le gouvernement du Canada et les membres du Parlement pour s’assurer que la voix du Canada se fasse également entendre au sein de la communauté des nations qui défendent les droits fondamentaux des bahá’ís en Iran.

Au milieu de cette répression des bahá’ís qui dure depuis des mois dans tout le pays, une plus forte vague de protestations a éclaté. Provoquées par l’arrestation et la mort subséquente d’une jeune femme innocente, ces protestations contre le gouvernement se sont rapidement répandues en Iran et dans le monde entier. Dans une lettre récente adressée à un croyant en son nom, la Maison universelle de justice mentionne que « le flot sincère d’émotions et le vibrant cri du cœur des masses populaires qui aspirent à la justice et à l’égalité plongent tout observateur impartial dans une tristesse et une inquiétude profondes[i] ». Or, les manifestations ont suscité de vives émotions et créé un climat politiquement instable que les bahá’ís doivent gérer avec prudence et sagesse.

Les principes qui doivent guider nos actions en en lien avec les questions politiques vous sont bien connus. Les bahá’ís « s’efforcent d’apporter leur soutien au principe de la justice, prenant des mesures à l’égard des injustices dont eux-mêmes ou d’autres sont victimes », nous rappelle la Maison universelle de justice dans sa lettre du 2 mars 2013 aux bahá’ís d’Iran. Les bahá’ís « ne s’affilient à aucun parti politique, ni ne se mêlent de questions partisanes, et ils ne participent pas non plus aux programmes liés aux lignes d’action créant la division de tout groupe ou de toute faction ». Dans une autre lettre, la Maison de justice fait observer que les bahá’ís sont « bien sûr libres de manifester leur sympathie et leur solidarité à l’égard des efforts du peuple iranien pour obtenir la justice et l’équité qui sont si essentielles au progrès de leur nation. Cependant, comme vous le savez certainement, les bahá’ís doivent éviter de se laisser entraîner dans des situations et des activités qui revêtent un caractère politique partisan ou qui dégénèrent en violence[ii] ». L’un des défis liés aux manifestations publiques actuelles est la mesure dans laquelle beaucoup d’entre elles sont liées à un appel à renverser le gouvernement, ce qu’un bahá’í ne ferait pas ni n’appuierait. En cette période d’agitation politique, il est essentiel que nous nous en tenions au principe de non-implication dans la politique, avec la conviction que cela nous permettra de présenter de manière plus claire et plus intéressante, à ceux qui cherchent des solutions, notre espoir et notre vision d’une société future.

Nous constatons que des amis et des institutions ont soulevé des questions supplémentaires quant aux implications de ce principe sur la participation à des espaces de discussion en ligne, tels que les médias sociaux. En effet, la discussion sur les médias sociaux de questions relatives à l’Iran est, comme l’a écrit la Maison de justice, une question d’une sensibilité particulière sur laquelle nous devons être particulièrement vigilants. « Une prudence absolue à cet égard est essentielle à la protection de la communauté durement éprouvée en Iran[iii]. » Même le fait d’attribuer la mention « j’aime » (de « liker ») ou de promouvoir un message particulier a des implications sur ce plan. Comme le souligne la lettre ci-jointe datée du 1er décembre 2019, l’univers des médias sociaux présente des défis particuliers : « La facilité sans précédent avec laquelle une personne peut participer à un tel débat public et la nature de la technologie augmentent la probabilité de commettre des erreurs de jugement momentanées et des imprudences, et en rendent les conséquences plus durables. » Nous exhortons tous les amis à prévoir un moment pour étudier cette lettre, seuls et avec d’autres, qu’ils l’aient déjà fait ou non.

Dans sa lettre du 25 novembre 2020 adressée aux bahá’ís du monde, la Maison universelle de justice a placé la crise sanitaire mondiale dans un contexte plus large :

Votre résilience et votre engagement indéfectible à assurer le bien-être de ceux qui vous entourent, votre persévérance lors des difficultés, nous ont remplis d’un très grand espoir. Mais il n’est pas étonnant que, dans certains endroits, l’espoir se soit épuisé. Les peuples du monde sont de plus en plus conscients que les décennies à venir présenteront des défis parmi les plus redoutables que la famille humaine ait jamais eu à affronter. La crise sanitaire mondiale actuelle ne constitue que l’un de ces défis, dont la gravité ultime des conséquences, tant sur les vies que sur les moyens d’existence, demeure inconnue ; vos efforts pour vous entraider et vous soutenir mutuellement, et pour faire de même avec vos sœurs et vos frères dans l’ensemble de la société, devront certainement se poursuivre et, à certains endroits, augmenter.

La lettre décrit ensuite les caractéristiques du Plan d’un an et ajoute :

Pour l’heure, nous vous exhortons à renouveler vos énergies, en restant concentrés sur la mission qui vous attend dans l’immédiat. C’est avec grand plaisir que nous observons avec quel calme assuré la communauté du Plus-Grand-Nom cherche, en toutes circonstances, à offrir le remède divin, en particulier pendant cette période où les modes de vie établis dans la société sont bouleversés et où des menaces de différentes natures planent sur tant de gens. En outre, les amis doivent éviter de se laisser entraîner dans les conflits et les luttes qui sont, en définitive, futiles et qui caractérisent une large part des discussions sur les affaires de la société, ou – le ciel nous en préserve – de laisser ce genre d’interactions s’infiltrer, même momentanément, dans les conversations de la communauté. Cependant, la vigilance que vous exercerez pour éviter la discorde et vous garder de vous mêler aux controverses de la société ne devrait, en aucun cas, être interprétée comme un désintérêt pour les nombreuses préoccupations urgentes de l’heure. Bien au contraire. Vous êtes parmi les amis les plus actifs et les plus sincères qui souhaitent le bien-être de l’humanité. Mais, que ce soit par des actes ou des paroles, la valeur de chacune de vos contributions au bien-être de la société réside, avant tout, dans votre ferme détermination à découvrir ce point d’unité précieux où des perspectives opposées se rencontrent et autour duquel des peuples en conflit peuvent s’unir.

Dans chaque communauté, la capacité à engager des conversations sérieuses et profondes qui permettent à nos collaborateurs, familles et amis d’avoir accès à une telle vision s’accroît. Grâce à la participation des amis à l’institut de formation, à leur étude constante des directives et à leur mise en application de ce qui est appris dans les conversations qu’ils nouent dans une variété de contextes, le flot de directives infaillibles provenant de la Maison universelle de justice atteint un cercle de plus en plus vaste de personnes souhaitant le bien de l’humanité. Les passages ci-dessus décrivent le climat que nous cherchons à créer – et l’esprit dans lequel nous participons à ces conversations –, un climat propice à la découverte de précieux éléments d’unité. Si la communauté prend ces conseils à cœur et les applique, son ardent désir de voir changer le monde portera les fruits les plus précieux.

Recevez nos chaleureuses salutations bahá’íes.

L’ASSEMBLÉE SPIRITUELLE NATIONALE
DES BAHÁ’ÍS DU CANADA
La secrétaire,
Karen McKye

[i] Extrait d’une lettre datée du 27 septembre 2022, écrite à un croyant au nom de la Maison universelle de justice.
[ii] Ibid.
[iii] Extrait d’une lettre datée du 1er décembre 2019, écrite à toutes les assemblées spirituelles nationales au nom de la Maison universelle de justice.

Lettre du 1er décembre 2019 écrite au nom de la Maison universelle de justice