Le premier jour du Ridván

Publié le : 2015/04/22
Baghdad Tigris

Une image historique de Baghdád et du Tigre. Photo: Communauté internationale bahá’íe, photographe Effie Baker, vers 1930.

Le 20 avril, au coucher du soleil commençait le premier jour du Ridván. Voici ce qu’Adib Taherzadeh a écrit au sujet de ce moment [1] :

Trente et un jours après le Naw-Rúz, le 22 avril 1863, durant l’après-midi, Bahá’u’lláh se rendit dans ce jardin, où il resta pendant douze jours. Le premier jour, il déclara sa mission à ses compagnons. Ces douze jours sont célébrés par les bahá’ís comme la fête du Ridván.

Quand Bahá’u’lláh quitta sa maison, il y eut une commotion comme Baghdád en avait rarement vu. Des gens de tous les milieux, des hommes, des femmes, des riches, des pauvres, des hommes érudits et cultivés, des princes, des représentants du gouvernement, des commerçants et des travailleurs, et avant tout, ses compagnons, se pressaient aux environs de sa maison, dans les rues et sur les toits des maisons situées le long de son chemin jusqu’à la rivière. Ils se lamentaient et pleuraient le départ de celui qui, pendant dix ans, leur avait prodigué la chaleur de son amour et l’éclat de son esprit, qui avait été le refuge et le guide de tous […].

‘Abdu’l-Bahá a décrit comment, à son arrivée dans le jardin, Bahá’u’lláh a déclaré son rang à ceux de ses compagnons qui étaient présents, et a annoncé avec une grande joie l’inauguration de la fête du Ridván.

À cette annonce, la tristesse et la peine disparurent et les croyants, furent remplis de ravissement. Bien que Bahá’u’lláh était exilé en des pays lointains, et bien qu’ils savaient quelles souffrances et tribulations l’attendaient et attendaient ses compagnons, durant cette déclaration historique, il changea toute tristesse en joie sublime, et passa la période la plus agréable de son ministère dans le jardin de Ridván. En fait, dans une de ses tablettes, il a parlé du premier jour du Ridván comme du « Jour de suprême félicité » et a invité ses disciples à se réjouir « d’une joie sans pareille », en souvenir de ce jour.

Nous ne savons pas exactement comment Bahá’u’lláh a déclaré sa mission, pas plus que nous ne connaissons l’identité de ceux qui l’ont entendu. Cependant, une chose est claire. Durant les dix ans de son séjour en Iraq, bien que Bahá’u’lláh fit allusion à son rang, et s’identifia avec les paroles de Dieu révélées dans ses tablettes, il ne s’était jamais désigné comme « Celui que Dieu rendra manifeste ».  Ce fut dans le jardin de Ridván, durant sa déclaration, qu’il le fit sans équivoque, s’annonçant comme celui dont la venue avait été proclamée par le Báb, pour qui il se sacrifia lui-même, et pour qui il établit son Alliance avec ses disciples. Ce jour fut un des plus mouvementés de la vie de Bahá’u’lláh. Toute la journée, il fut occupé à des affaires importantes, qui menèrent à la déclaration de sa mission – l’événement le plus important de son ministère […].

Dans un certain nombre de tablettes, dont la plupart n’ont pas été traduites, Bahá’u’lláh a glorifié la nature sacrée et glorieuse des jours du Ridván. L’une d’elles, révélée quelques années après sa révélation, a été traduite en anglais par Shoghi Effendi. En voici quelques extraits :

Voici venu le printemps divin, ô Plume sublime, car la fête du Miséricordieux approche à grands pas. Lève-toi donc pour magnifier le nom de Dieu devant la création tout entière et célébrer sa louange de telle sorte que toutes choses créées en soient régénérées et rénovées. Parle, et ne prends aucun repos. Le soleil de l’allégresse brille à l’horizon de notre nom, le Bienheureux, car le nom de ton Seigneur, Créateur des cieux, orne le royaume du nom de Dieu. Lève-toi face aux nations de la terre, arme-toi du pouvoir de ce Plus-Grand-Nom, et ne traîne pas. […]

Voici le jour où le monde invisible s’écrie : « Ô Terre, grande est ta bénédiction car tu es devenue le marchepied de ton Dieu, et tu as été choisie pour être le siège de son trône puissant », et le royaume de gloire s’exclame : « Que ma vie te soit offerte en sacrifice, car le Bien-Aimé du Très-Miséricordieux a établi sur toi sa souveraineté par le pouvoir de son nom promis à toutes choses, passées et futures. » Voici le jour où mon vêtement répand sur toute la création son parfum qui imprègne toute chose embaumée. Voici le jour où les torrents de la vie éternelle jaillissent de la volonté du Très-Miséricordieux. De tout votre cœur et de toute votre âme, hâtez-vous d’y boire à satiété, ô Assemblée des royaumes célestes !

Dis : Il est la Manifestation de l’Inconnaissable, l’Invisible des invisibles, puissiez-vous le comprendre. Il est celui qui découvre à vos yeux le précieux Joyau caché, si vous êtes de ceux qui cherchent. Il est le Bien-Aimé de toutes choses passées et futures. Que votre amour et votre espoir soient placés en lui ! […]

Lève-toi et proclame devant toute la création que le Très-Miséricordieux a dirigé ses pas vers le Ridván et qu’il y est entré. Puis, guide le peuple jusqu’au jardin de délices dont Dieu a fait le trône de son paradis. Nous t’avons élu pour être notre très puissante Trompette dont la sonnerie doit annoncer la résurrection de toute l’humanité. […]

Ô peuple de Bahá, réjouis-toi d’une joie sans pareille en évoquant ce Jour de suprême félicité où s’exprima la Langue de l’Ancien des jours car il a quitté sa demeure pour se rendre au lieu d’où il répandit sur la création tout entière les splendeurs de son nom, le Très-Miséricordieux.  Dieu est notre témoin. Si nous révélions les secrets de ce jour, tous les habitants du ciel et de la terre s’évanouiraient et mourraient à l’exception de ceux que préserverait Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient, le Très-Sage.

L’effet enivrant des paroles de Dieu sur le Révélateur de ses preuves indubitables est tel que sa plume ne peut se mouvoir plus longtemps. Et de conclure sa tablette par ces paroles : « Il n’est de Dieu que moi, le Sublime, le Tout-Puissant, l’Excellent, l’Omniscient [2] ! »

[1] Adib Taherzadeh, The Revelation of Bahá’u’lláh, Vol. 1, pp. 259-273. (Traduction de courtoisie)

[2] Bahá’u’lláh, Florilèges d’écrits, p. 23.