Honorer la mémoire des enfants disparus
La grande maison traditionnelle ‘Na̱mg̱is à Alert Bay, en Colombie-Britannique.
Pour de nombreux Canadiens, la nouvelle déchirante de la découverte des restes de 215 enfants enterrés sur le terrain de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, ainsi que la découverte de 751 tombes anonymes sur le site de l’ancien pensionnat indien de Marieval, dans le sud de la Saskatchewan, ont été un rappel des injustices qui font partie de notre histoire récente et dont le traumatisme est encore vécu par tant de survivants et leurs familles. Alors que notre pays est aux prises avec cette nouvelle, de nombreux bahá’ís et amis de la Foi ont également entrepris des efforts pour pleurer cette perte de vie dévastatrice et pour faire avancer les processus de guérison et de réconciliation.
Dans une lettre datée du 31 mai 2021, en réponse à la première découverte à Kamloops, l’Assemblée spirituelle nationale du Canada a demandé que des prières spéciales soient offertes au cours des prochaines semaines, en prière privée et lors de rassemblements ou de veillées de dévotion, pour honorer ces jeunes âmes, leurs familles et leurs communautés. Dans cette même lettre, l’Assemblée nationale écrivait l’exhortation suivante :
Faisons appel à ces puissantes forces spirituelles, en nous joignant à d’autres personnes d’origines et de croyances très diverses pour nous éduquer et nous engager, dans l’action, en vue d’un avenir qui devient chaque jour plus brillant, affranchi des ténèbres de cet âge.
En Colombie-Britannique, où la découverte de Kamloops a frappé de plein fouet, les communautés bahá’íes et autochtones ont une longue histoire de collaboration et de liens d’amitié profonds ; les bahá’ís non autochtones sont invités à servir lors des potlatchs et ont été adoptés de façon cérémoniale par des familles des Premières Nations et, bien sûr, de nombreux amis autochtones ont aussi embrassé la foi bahá’íe.
« Lorsque cette nouvelle est sortie, notre groupe d’amis s’est demandé “Que pouvons-nous faire ?” », a dit Cyrus Greenall, de Vancouver (Colombie-Britannique). En consultation avec Shelley Joseph, de la nation Kwakwa̱ka̱ʼwakw, au sujet d’une réponse appropriée, il a été décidé d’organiser et de tenir un rassemblement de prière en ligne. On estime qu’environ 150 personnes de toute la Colombie-Britannique, de l’Alaska et du Yukon ont participé à ce rassemblement, qui a eu lieu le 30 mai.
« Shelley et moi avons ouvert le rassemblement en disant que nous étions là pour honorer ces enfants décédés et pour nous souvenir d’eux », a déclaré M. Greenall. « Et pour nous assurer également que nous pouvions donner un sens à cette tragédie en réfléchissant maintenant à la manière de prendre des responsabilités personnelles et collectives. »
Outre les prières prononcées par des personnes de nombreuses confessions et nations, le rassemblement a également été l’occasion pour certains amis autochtones, dont certains ont fréquenté les pensionnats, de présenter des réflexions personnelles. « C’était une occasion très émouvante et très sacrée », a déclaré M. Greenall. « Il y avait beaucoup de larmes et d’émotion, mais aussi beaucoup d’amour et d’espoir ».
À la suite des discussions sérieuses que cette rencontre a suscitées, et dans le but de poursuivre la conversation, une réunion de suivi a eu lieu le 4 juin pour discuter du thème « Que pouvons-nous faire pour aller de l’avant ? » Cette rencontre, organisée par des bahá’ís et des amis de la Foi, a exploré comment soutenir les communautés des Premières Nations. Les participants ont été invités à penser à leur rôle dans la communauté, que ce soit en tant qu’enseignants, parents, animateurs de préjeunes ou amis, et à réfléchir à la façon dont ils pourraient utiliser cette position pour éduquer les autres sur les problèmes auxquels leur communauté est confrontée par des conversations sérieuses.
« J’ai enseigné ce sujet dans les écoles dans le cadre du programme scolaire », a déclaré Halena Jauca, une enseignante de Vancouver, en Colombie-Britannique. « Maintenant, notre quartier a organisé un rassemblement pour en apprendre davantage sur notre histoire commune. C’est une étape importante pour avancer ensemble et créer une meilleure société pour tous. »
En plus de ces rassemblements, la communauté de Vancouver a également organisé une journée de prière le 30 mai, du lever au coucher du soleil, pour honorer les 215 enfants et leurs familles et se souvenir d’eux. Les gens étaient invités à s’inscrire pour des créneaux de 20 minutes, puis à offrir la longue prière de guérison ou d’autres prières de leur choix pendant ce temps. « C’était une belle façon de concevoir des rassemblements de prière », a déclaré Mme Jauca. « Il n’est pas toujours nécessaire d’être ensemble pour être unis ».
Dans le quartier Harewood de Nanaimo, en Colombie-Britannique, où de nombreuses personnes engagées dans des activités de développement communautaire sont d’origine autochtone, un préjeune de la collectivité a décidé de consacrer une partie de son été au service, au nom des 215 enfants. En apprenant la nouvelle, les animateurs de son quartier ont communiqué leur soutien à sa famille et à d’autres personnes. C’est en consultation avec ces familles que l’idée est venue de former un nouveau groupe de préjeunes cet été en l’honneur de ces enfants et de leurs familles.
En guise d’hommage additionnel pour préserver la mémoire de ces enfants qui ont perdu la vie, un père de famille du quartier a suggéré que, lors d’un prochain programme intensif pour préjeunes, les participants réalisent un projet de service consistant à créer 215 plumes en bois qui seront accrochées à la clôture de leur complexe d’habitation.