Dernières nouvelles sur la situation en Iran
Le site de nouvelles du Centre mondial bahá’í (BWNS) a récemment fait rapport d’un certain nombre de développements au sujet de la situation des bahá’ís en Iran. Il faisait entre autres état du fait que le président Hassan Rouhani d’Iran n’avait pas amélioré la situation des droits de la personne en Iran, que des nouvelles tactiques étaient employées pour empêcher les étudiants bahá’ís de poursuivre des études universitaires, et qu’un nouveau documentaire était sorti à ce sujet.
Selon un récente article publié sur le site Web du service de nouvelles du Centre mondial bahá’í (BWNS), dans son discours aux Nations unies, à la fin de septembre, le président iranien Hassan Rouhani a omis d’aborder un certain nombre de questions relatives aux droits fondamentaux en Iran, dont la raison pour laquelle l’Iran continue de persécuter les bahá’ís.
« Il y a un an, le président Rouhani est arrivé au pouvoir en faisant de nombreuses promesses d’amélioration de la situation des droits de la personne en Iran, y compris un engagement de mettre fin à la discrimination religieuse », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies.
« Malheureusement, il n’a pas tenu ces promesses et l’absence de toute mention des droits de la personne dans son discours du 25 septembre à l’ONU ne sert qu’à le souligner. »
Au début du mois, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a publié son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme en Iran, en disant aussi que les promesses du président Rouhani sur les droits de l’homme n’ont en grande partie pas été tenues.
« Malgré les signes d’une plus grande ouverture d’esprit du président Rouhani concernant la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, le gouvernement n’a pas réussi à créer un environnement favorable et sécuritaire qui soit propice à la liberté d’expression », a déclaré M. Ban.
Mme Dugal a ajouté que « le test décisif pour juger de la sincérité de l’Iran concernant la situation des droits de la personne est la façon dont le pays traite la communauté religieuse minoritaire bahá’íe. Cette dernière est connue dans le monde entier pour son engagement pour la paix et ne présente pas de menace pour le gouvernement.
« Pourtant, plus de 100 bahá’ís sont aujourd’hui toujours en prison et des milliers d’autres sont privés de l’accès à l’enseignement supérieur ou sont sujets à la discrimination au sein de la sphère économique, tout cela étant une question de politique gouvernementale. De nouvelles tactiques sont utilisées pour augmenter la possibilité de démenti d’une telle discrimination. »
Parmi ces nouvelles tactiques, il y a un effort évident du gouvernement pour priver les bahá’ís de tout document ou papier qui pourrait être utilisé pour prouver qu’ils se sont vu refuser l’accès à l’enseignement supérieur en raison de leurs croyances religieuses. Au cours des dernières années, par exemple, quand ils ont essayé d’obtenir les résultats des examens d’entrée à l’université on leur a dit que leurs dossiers étaient « incomplets ». Qu’il apparaisse sur un écran d’ordinateur et soit imprimé ou qu’il soit délivré par courrier, ce message laisse une trace papier.
« Les nouvelles tactiques du gouvernement iranien dans leur traitement des étudiants bahá’ís représentent la dernière évolution d’une série de stratagèmes visant à refuser aux bahá’ís l’accès à l’enseignement supérieur sans soulever l’inquiétude de la communauté internationale », a déclaré Diane Ala’i, la représentant de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.
« Cette nouvelle tactique n’est rien d’autre qu’un subterfuge et elle est en complète contradiction avec les déclarations répétées des autorités iraniennes au monde entier que l’Iran ne fait pas de discrimination sur la base de la religion dans l’enseignement supérieur », a expliqué Mme Ala’i.
Shadan Shirazi est une étudiante bahá’í qui s’est vu refuser l’accès à l’université malgré que, aux examens d’admission, elle s’est classée 113e en mathématiques et en sciences parmi environ un million d’autres étudiants iraniens.
Cette année, les bahá’ís comme Mlle Shirazi sont invités à aller au bureau local d’examen pour leurs résultats. Là, souvent après beaucoup de dérobades et après avoir été renvoyés d’un bureau à l’autre, ils leurs sont finalement présentés, mais on leur montre, sans les leur donner, des papiers qui disent que seuls les musulmans et les « minorités officiellement reconnues » sont autorisés à être acceptés à l’université. Ils sont ciblés en tant que bahá’ís, malgré qu’ils ne se sont jamais identifiés comme tels sur les formulaires d’examen ou sur d’autres documents.
L’histoire de l’injustice dont Mlle Shirazi a été l’objet a aussi indigné de nombreux Iraniens, qui ont pu lire cette histoire maintes et maintes fois sur plus d’une vingtaine de sites Web en persan. Entre autres choses, ils signalent qu’un fonctionnaire, Morteza NorBakhsh du EMEO Academic Board [conseil académique EMEO], a déclaré à Mlle Shirazi et à sa famille que, même s’il aimerait les aider, ses mains étaient liées par les autorités supérieures
Dans le contexte de ce changement de tactiques, la première britannique d’un éloquent nouveau documentaire, qui raconte l’histoire des bahá’ís d’Iran et de leur réponse pacifique à des décennies de persécutions parainnées par l’État, a eu lieu le 12 septembre.
Le film, intitulé To Light a Candle, se sert d’entrevues, d’histoires personnelles et de séquences d’archives – souvent sorties clandestinement d’Iran, en courant de grands risques – pour montrer la résilience des jeunes bahá’ís d’Iran, qui, devant les tentatives systématiques du régime iranien de leur bloquer l’accès à l’enseignement supérieur, ont développé une mesure non officielle, l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur (IBES), qui leur donne accès à des cours de niveau universitaire.
Le film est de Maziar Bahari, un réputé journaliste et cinéaste, auteur d’un certain nombre d’autres documentaires sur l’Iran et ancien reporter, chargé de couvrir l’Iran de 1998 à 2011 pour Newsweek. Maziar Bahari n’est pas membre de la communauté bahá’íe.
Le film montre de façon frappante que la menace d’arrestation et d’emprisonnement est une réalité quotidienne pour les bahá’ís d’Iran, alors que les professeurs d’université qui ont été empêchés de poursuivre leur profession tentent d’éduquer des jeunes gens dans des maisons privées.
« Pour moi, – et c’est une des raisons pour lesquelles je désirais créer ce documentaire – les bahá’ís sont comme un baromètre de ce qui se passe en Iran », expliquait M. Bahari. « Si le pays s’ouvre un peu, peut-être par la voie d’un gouvernement réformiste, on accorde certaines libertés aux bahá’ís. Quand la répression sévit davantage, les bahá’ís en sont les premières victimes.
M. Bahari a saisi l’occasion de la première pour annoncer la journée internationale « L’éducation n’est pas un crime », qui sera marquée le 22 février 2015, et qui, espère-t-il, sensibilisera le public au droit à l’éducation. « Non seulement ce type de manifestation internationale, qui porte sur certains des thèmes soulevés par le documentaire, sert-il à attirer l’attention sur les souffrances que les bahá’ís ont eu à endurer pendant plusieurs décennies, mais il favorise aussi les changements constructifs », a-t-il ajouté.
« Tandis que les bahá’ís continuent de faire face à l’injustice, et aussi longtemps que les autorités iraniennes les traitent comme des citoyens de seconde classe, il reste encore beaucoup à faire. »
D’autre part, deux anciens fonctionnaires qui avaient participé aux efforts pour empêcher les bahá’ís de fréquenter l’université ont récemment rencontré un groupe de bahá’ís pour leur faire leurs excuses.
Dans une photo publiée dans des sites Web en persan, l’ancien journaliste Muhammad Nourizad, du journal semi officiel Kayhan, et Muhammad Maleki, le premier recteur de l’Université de Téhéran, après la révolution islamique, sont humblement agenouillés devant un groupe d’étudiants bahá’ís.