Le neuvième jour du Ridván
Le 28 avril, au coucher du soleil commence le neuvième jour du Ridván. Voici ce qu’Adib Taherzadeh a écrit au sujet de ce moment [1] :
Au cours des douze jours durant lesquels Bahá’u’lláh est demeuré dans le jardin de Ridván, un grand nombre de personnes sont venues lui présenter leurs respects. Parmi elles, il y avait des notables et des dignitaires de Baghdád, des gens érudits et cultivés de même qu’une foule de ses admirateurs. Quant à ses disciples, Bahá’u’lláh invitait un certain nombre d’entre eux à venir auprès de lui chaque jour, et, le même soir, il leur donnait leur congé. Seuls ceux qui n’avaient pas de famille pouvaient rester pour la nuit, et certains d’entre eux veillaient autour de sa tente.
Nabil a laissé à la postérité cette vivante description de l’atmosphère joyeuse qui régnait durant cette période historique :
« Chaque jour », raconte Nabil, « avant l’aube, les jardiniers cueillaient les roses qui bordaient les quatre avenues du jardin et les empilaient par terre, au milieu de sa tente bénie. Le tas était si élevé que, lorsque ses compagnons se réunissaient pour boire leur thé du matin en sa présence, ils ne pouvaient se voir au-dessus. De ses propres mains, Bahá’u’lláh confiait toutes ces roses à ceux qu’il renvoyait de sa présence chaque matin, avec mission de les remettre de sa part à ses amis arabes et persans de la ville. » « Une nuit », continue Nabil, « la neuvième nuit de la lune ascendante, je montais la garde avec d’autres, près de sa tente bénie. Comme minuit approchait, je le vis sortir de sa tente, passer prés de quelques-uns de ses compagnons endormis, et commencer à faire les cent pas dans les allées bordées de fleurs du jardin, sous le clair de lune. De tous côtés, le chant des rossignols était si fort que, seuls, ceux qui étaient proches de lui pouvaient entendre distinctement sa voix. Il continua de marcher jusqu’à ce que, s’arrêtant au milieu de l’une des avenues, il observe: “Voyez ces rossignols. Leur amour pour ces roses est si fort que, veillant du crépuscule jusqu’à l’aube, ils gazouillent leurs mélodies et, dans une passion brûlante, communient avec l’objet de leur adoration. Comment ceux qui se prétendent embrasés d’amour pour la beauté du Bien-Aimé – celle de la rose même – peuvent-ils se résoudre à dormir?” Pendant trois nuits consécutives je veillais, effectuant des rondes autour de sa tente bénie. Chaque fois que je passais près du lit sur lequel il était étendu, je le trouvais éveillé, et chaque jour, du matin au soir, je le voyais sans cesse occupé à converser avec le flot de visiteurs qui ne cessaient d’arriver de Baghdád. Pas une seule fois je ne pus découvrir, dans les paroles qu’il prononçait, le moindre indice de dissimulation. » [2]
[1] Adib Taherzadeh, The Revelation of Bahá’u’lláh, Vol. 1, pp. 275-276 (Traduction de courtoisie)
[2] Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, chapitre 9, p. 145.