On essaie de nouveaux éléments à la conférence de l’Association d’études bahá’íes
La 38e conférence annuelle de l’Association d’études bahá’íes (AEB) intitulée « Scholarship and the Life of Society » [l’érudition et la vie de la société] a eu lieu du 7 au 10 août. Elle incluait de nouveaux éléments créés en conséquence d’un effort pour réimaginer la conférence selon les conseils de la Maison universelle de justice.
Le premier soir de la conférence, Lisa Dufraimont, coprésidente du comité de la programmation, a expliqué que l’Association cherchait à stimuler la recherche et que le but ultime de la recherche était de développer des connaissances qui sont favorables au développement de la société.
Les quelque 1 200 participants sont venus de lieux, de milieux et de domaines très variés, et différents motifs les animaient. Un participant a dit qu’il venait à la conférence tous les ans parce qu’il avait appris quand il était enfant qu’il fallait toujours chercher à acquérir de nouvelles connaissances, une attitude qui était, selon lui, bien exprimée par le dicton « Du berceau à la tombe, cherche de nouvelles connaissances ». Un aspect du mandat de l’Association est de stimuler la soif du savoir.
Un participant a dit que les conférenciers exploraient leur sujet avec curiosité et humilité et qu’on mettait un plus grand accent sur la collaboration avec des personnes et des organisations de même sensibilité, afin de générer des connaissances utiles au progrès social. D’autres participants ont dit être heureux d’avoir un lieu où ils pouvaient rencontrer des gens qui travaillent dans divers domaines et apprendre d’eux.
En augmentant le nombre de tables rondes en séances plénières, il a été possible d’entendre plusieurs universitaires spécialisés dans différentes disciplines évaluer les forces, les faiblesses, les méthodes et la fiabilité de ces méthodes dans trois disciplines générales d’apprentissage, à la lumière des enseignements bahá’ís : les sciences sociales, les sciences de la nature et de la vie et les sciences humaines. Un conférencier œuvrant dans le domaine des sciences sociales qui participait à une table ronde a dit que de nombreux penseurs en sciences politiques ont tendance à voir les activités humaines par le prisme des conflits. Selon lui, il y a aussi un certain nombre de politicologues qui étudient quand, pourquoi et comment les gens coopèrent, même quand cela n’est pas nécessaire à leur survie, et comment les gens mettent de côté leurs intérêts égoïstes pour participer à un groupe.
La conférence comportait aussi des séances en petits groupes où les participants pouvaient parler de leur expérience à participer au discours propre à leur domaine, que ce soit l’éducation, l’économie, le rôle de la religion dans la société ou les soins primaires de la santé. Une personne qui travaille dans le domaine de l’éducation a dit que les éducateurs savent souvent comment travailler avec des individus, mais en savent peu sur ce qui peut être fait pour aider un groupe dans son apprentissage. Elle a dit que la récente série de conférences de jeunes organisée par la communauté bahá’íe a permis de mieux comprendre comment les groupes se forment et s’organisent. Un étudiant en religions comparées a dit que plutôt que d’étudier les religions comme une collection statique de croyances, il serait utile d’examiner l’histoire des processus religieux. Un autre participant a dit qu’il étudiait actuellement la question : « Comment la religion contribue-t-elle a guérir les divisions au sein de la société canadienne? »
Des consultations générales enrichissantes sur des sujets comme les arts, les sciences appliquées, les affaires et la gestion ont été offertes. Elles ont permis à des personnes œuvrant dans divers domaines de se réunir pour examiner des textes de référence récents de la Maison universelle de justice sur la vie intellectuelle de la communauté bahá’íe et sa plus grande participation à la vie de la société. Ils ont également pu s’y consulter au sujet de leur discipline, parler des défis rencontrés et identifier les discours et les espaces sociaux auxquels ils pourraient participer, ainsi que les champs d’action où une collaboration serait possible avec des personnes et des groupes aux vues similaires.
Comme ces dernières années, des bahá’ís distingués ont prononcé des discours édifiants qui ont contribué à la réflexion de leur auditoire. M. Paul Lample, membre de la Maison universelle de justice a fait un discours intitulé « Toward a Framework for Action » [vers un cadre d’action], Mme Haleh Arbab, directrice de l’Institut d’études sur la prospérité mondiale a prononcé un discours intitulé « Learning to Read Social Reality in Light of the Revelation » [Apprendre à lire la réalité à la lumière de la révélation], et M. Vahid Rafati a prononcé l’allocution commémorative Hasan M. Balyuzi intitulée « The Evolving Role of Bahá’í Scholarship » [l’évolution du rôle de l’érudition bahá´íe] . Comme dans le passé, la conférence comportait des ateliers sur un grand nombre de sujets et une soirée artistique consacrée à la musique et aux histoires.
Les nouveaux éléments de la conférence ont été créés après que l’AÉB et ses collaborateurs ont beaucoup consulté sur la direction donnée par la Maison universelle de justice : 24 July 2013_FR. Dans cette lettre écrite au nom de la Maison universelle de justice, on indique que celle-ci venait de compléter une série de consultations au sujet de la vie intellectuelle de la communauté et de sa participation croissante à la vie de la société. La lettre discute certaines des réalisations de l’AÉB et des directions possibles et comment l’Association pourrait bénéficier de la culture d’apprentissage que la communauté bahá’íe cherche à favoriser et comment elle pourrait y contribuer.
La lettre couvrait un autre sujet qui a été beaucoup discuté à la conférence, la notion d’un cadre conceptuel en évolution, « une grille organisant la pensée et donnant forme aux activités, et qui devient plus élaborée à mesure que l’expérience s’accumule »[i]. La lettre affirme que cette notion d’un cadre de référence est essentielle au progrès du travail de la communauté bahá’íe dans les domaines de l’expansion et de la consolidation, de l’action sociale et de la participation aux discours en cours dans la société. Elle suggère de plus qu’il « serait utile que les éléments de ce cadre les plus pertinents au travail de l’Association d’études bahá’íes soient consciemment et progressivement éclaircis ».
Dans une allocution qui puisait abondamment dans les Écrits bahá’ís et dans les travaux de penseurs éminents dans une variété de disciplines, M. Lample a comparé le cadre de référence aux limites d’un terrain de soccer, qui au lieu de contraindre les joueurs leur permettent de jouer. M. Lample a dit que nous avions tendance à appliquer les cadres de référence trop rigidement ou, au contraire, à les ignorer complètement. Il a cité Shoghi Effendi qui avait dit qu’une des raisons pour lesquelles la Foi « n’avance pas plus rapidement est que les amis n’ont pas appris à vivre avec le cadre de l’Ordre administratif ou à travailler à l’intérieur de ce cadre » [traduction]. Le Gardien a dit que les amis avaient tendance à le « cristalliser en une forme trop rigide, ou à se rebeller contre ce qu’ils considèrent être un système, et à ne pas l’appuyer suffisamment » [traduction].
M. Lample a dit que dans le passé sans cadre de référence pour la croissance, les communautés bahá’íes avaient eu tendance à aller dans deux directions opposées – soit enseigner sans consolidation, soit administrer efficacement des petites communautés qui demeurent tournées vers elles-mêmes. Il a dit qu’il existe dans le monde 200 groupements où 100 personnes ou plus appuient la participation de 1000 autres personnes ou plus et que dans les groupements les plus avancés, il y a 500 personnes qui appuient la participation de plus de 10 000 personnes. Il a fait le lien entre ces développements et le fait que les communautés ont appris à travailler dans un cadre commun. Il a dit qu’un des défis du discours public en Occident est que chaque personne est convaincue d’avoir raison, elles savent ce qu’elles savent et elles refusent de changer d’idée. Il a ajouté qu’un point de vue pouvait être erroné et même presque entièrement erroné sans être pour autant complètement erroné, et que les idées sont trop souvent abandonnées complètement plutôt que d’être passées soigneusement au crible.
Un certain nombre de personnes ont également participé à une consultation animée au sujet de la vision et des activités de l’Association d’études bahá’íes pour l’Amérique du Nord. Vers la fin de cette consultation, les amis ont tenté de comprendre comment les éléments du cadre qui sont les plus pertinents au travail de l’Association d’études bahá’íes pouvaient être consciemment et progressivement éclaircis. À ce sujet, un des participants a demandé : « Comment arriverons-nous au point où tous prennent l’initiative d’une façon disciplinée et dans un cadre commun? »
[i]Le Département du secrétariat de la Maison universelle de justice, lettre à l’Assemblée spirituelle nationale du Canada, le 24 juillet 2014.