Compte-rendu de livre : Hippolyte Dreyfus-Barney—premier bahá’í français

Publié le : 2023/04/24

Une publication récente apporte une contribution à la littérature bahá’íe en français.

Hippolyte Dreyfus Barney Bahai World Volume 3 Photo Cropped

M. Hippolyte Dreyfus-Barney. Photo: The Bahá’í World, Vol.3.

En 2021, la Librairie bahá’íe de Paris a publié un ouvrage intitulé Hippolyte Dreyfus-Barney[i] – premier bahá’í français. Dreyfus (1873-1928) fut l’un des dix-neuf disciples de ‘Abdu’l-Bahá[ii] et le tout premier bahá’í français. Écrit par Yann Ballanger en collaboration avec Parivash Ardeï Amini, le livre relate les services rendus à la Cause par M. Dreyfus-Barney.

Hippolyte Dreyfus est né à Paris dans une éminente famille juive. Dans sa vie, bien des portes lui étaient ouvertes et il est devenu un avocat et un intellectuel. À l’époque où il entendit parler pour la première fois de la foi bahá’íe, il n’était très attaché à aucune religion. Ayant remarqué une transformation frappante chez son amie Edith Sanderson, il a cherché à savoir d’où provenait ce changement. Elle lui a répondu qu’il découlait de sa récente amitié avec May Ellis Bolles (plus tard May Maxwell), qui revenait de Palestine où elle avait rencontré ‘Abdu’l-Bahá. Dreyfus-Barney rencontra plus tard May Bolles et l’écouta attentivement parler de la Foi;  peu après, en 1901, il écrivit à ‘Abdu’l-Bahá pour lui déclarer sa foi.

Entre autres événements, le livre décrit les nombreux voyages de M. Dreyfus-Barney : il a rendu visite à ‘Abdu’l-Bahá en Palestine à sept reprises et l’a accompagné en France, en Angleterre et en Amérique du Nord. À la suggestion du Maître, M. Dreyfus-Barney s’est rendu, avec Laura Barney (qu’il a plus tard épousée) et Emmanuelle Lachenay, en Perse, au Japon, en Chine et dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est. Le livre détaille également le travail de traduction de Dreyfus-Barney, qui a traduit provisoirement en français, à partir de l’original en persan et en arabe, plusieurs livres des Écrits de Bahá’u’lláh, dont le Kitáb-i-Íqan, Les Paroles cachées, ainsi que l’Épître au fils du loup. Il a également participé à la traduction des Leçons de Saint-Jean-d’Acre, un ouvrage basé sur une série d’entretiens entre ‘Abdu’l-Bahá et Laura Dreyfus-Barney.

Le livre mentionne également les conférences audacieuses que Dreyfus-Barney a données lors de diverses réunions, les livres qu’il a écrits sur la Foi, les missions diplomatiques qu’il a entreprises au nom de ses coreligionnaires – y compris sa rencontre avec le shah de Perse[iii] à Paris – les amitiés qu’il a cultivées avec des orientalistes tels que E. G. Browne et A. L. M. Nicolas, et son travail de défense des droits fondamentaux des bahá’ís en sa qualité d’avocat.

Le livre s’achève sur un article écrit par May Maxwell et publié dans Star of the West après le décès de Dreyfus-Barney :

En tant que grand érudit, qu’ami aimé et digne de confiance, en tant qu’homme doté d’une profonde compassion, intellectuellement riche et toujours sage dans ses jugements, il était bel et bien prêt pour saisir et accepter les sublimes enseignements de Bahá’u’lláh et devenir un de ses plus admirables défenseurs et propagateurs…. Sa manière de présenter la Cause rehaussait son honneur et son prestige, et il était toujours une source d’unité parmi les amis, les connectant les uns aux autres dans ses liens profonds de profonde fraternité qui constituent l’essence de la foi bahá’íe… Comme beaucoup de bahá’ís, il associait une rare douceur naturelle avec une force et une fermeté intenses ; son critère pour estimer la juste valeur et le statut de ses compagnons bahá’ís devrait être un standard pour nous tous : il disait qu’il considérait toujours chaque âme par rapport à sa relation à Dieu et à la Cause, jamais par rapport à lui[iv].

Ce livre bien écrit et abondamment annoté lève le voile sur la vie d’une personne dont le nom est familier, mais dont on ne sait peut-être pas grand-chose. Il s’appuie sur des documents des archives nationales françaises et américaines et ajoute un sujet intéressant à la littérature originale bahá’íe en français. Il est possible de se renseigner sur M. Dreyfus-Barney en lisant la biographie écrite par sa femme[v], la lettre du Gardien au monde bahá’í à la suite du décès[vi] de M. Dreyfus-Barney ou les quelques renseignements disséminés dans les éditions de Star of the West ; ce livre constitue cependant une source d’information essentielle sur sa vie – une vie dont le Gardien a dit « les générations du futur qui, jour après jour, percevront plus aisément l’importance du rôle qu’il a joué dans l’introduction et la consolidation de la foi bahá’íe dans le monde occidental se souviendront avec gratitude [de sa vie] »[vii].

D’une manière générale, le livre réussit à donner un aperçu des réalisations d’une vie qui fut interrompue à l’âge de 55 ans. Il montre de façon tangible que, dès ses débuts, la révélation de Bahá’u’lláh avait déjà transformé la vie d’êtres humains du monde entier – que sa Cause n’était pas un idéal, mais bien plutôt une réalité naissante. Pour M. Dreyfus-Barney personnellement, dans les premières décennies du 20e siècle, cela se traduisait par un lien authentique avec les croyants et sympathisants dans de nombreux autres pays, et il croyait que sa mission consistait à les aider à se rapprocher de Bahá’u’lláh.

-Louis Brunet

 

[i] 1873-1928.

[ii] Les disciples de ‘Abdu’l-Bahá, également appelés « Hérauts de l’Alliance », étaient un groupe de dix-neuf bahá’ís occidentaux désignés comme tels par Shoghi Effendi.

[iii] Moẓaffar-al-Dīn Shah (1853-1907)

[iv] Star of the West, vol. 20, p. 26

[v] Cette biographie peut être consultée à l’adresse suivante : https://bahai-library.com/dreyfus-barney_biography_hippolyte_dreyfus-barney

[vi] Cette lettre peut être consultée à l’adresse suivante : https://bahai.works/Bah%C3%A1%E2%80%99%C3%AD_World/Volume_3/Hippolyte_Dreyfus-Barney

[vii] The Bahá’í World, vol. III, p. 210.