Bâtir un temple sur une fondation d’unité

Publié le : 2019/01/14

Entering The House Of Worship

Laura Friedmann et Kyle Schmalenberg décrivent la portée de l’expérience qu’ils ont vécue en Colombie, où ils se sont rendus pour filmer la fin de la construction de la Maison d’adoration de Norte des Cauca, en Colombie, un édifice érigé grâce à l’amour et aux efforts unis de toute une communauté. 

La Colombie, les bahá’ís le savent bien, est le pays d’origine de l’Institut Ruhi. Toutefois les événements qui ont eu lieu à l’été de 2018 dans ce pays, plus précisément à Norte del Cauca, étaient peu communs. C’est en effet à cet endroit que les habitants de la région ont pu bâtir leur propre Maison d’adoration bahá’íe, et y accueillir la population.

Toute communauté qui sera appelée à bâtir une Maison d’adoration dans l’avenir pourra sûrement attester du fait qu’un tel événement marque un moment très important pour elle. Nous avons été invités, à titre d’équipe vidéographique et photographique, à saisir ce moment historique, qui comportait beaucoup plus qu’un seul et magnifique bâtiment. Nous avons observé plusieurs belles qualités chez les gens que nous avons rencontrés, dans leur localité et leur esprit – peut-on dire leur destinée? – qui les unit.

L’institution du Mashriqu’l-Adhkár marie service et culte. Cela a été en évidence depuis le début de la construction. Durant plusieurs mois, les gens ont participé à des « mingas », des journées de travail communautaire durant lesquelles ils ont travaillé à la construction, offert des prières et passé du temps ensemble dans l’amitié et la joie.

L’inauguration de la maison d’adoration locale de Norte del Cauca a commencé le 22 juillet et s’est poursuivie pendant un mois. Un programme était prévu chaque dimanche. Nous sommes arrivés deux jours avant les premières activités de l’inauguration, et il restait encore beaucoup à faire sur le terrain autour du temple. Des centaines de bénévoles ont répondu à un appel et le travail s’est fait dans la plus grande unité. Des camions pleins de nourriture ont assuré la livraison de leurs repas. Un système était en place pour coordonner le travail. Personne ne fonctionnait de façon isolée pour préparer le sol, placer le gazon en plaques et l’arroser. Au contraire, il y avait des travailleurs qui apportaient les morceaux de gazon là où le sol avait été préparé, d’autres les étendaient, et d’autres encore venaient les arroser. Nous avions vraiment l’impression que « service » n’était pas compris comme une action qui a un début et une fin, mais plutôt comme l’essence de la vie même. La conviction des bénévoles quant au but de leur travail semblait si bien ancrée et ils semblaient si heureux de le faire qu’à certains moments on avait l’impression que tous les visages en devenaient un seul, celui d’un joyeux serviteur de Dieu. Il était évident que ce lieu de culte faisait maintenant partie de la vie de la population. Ce lieu était leur foyer, et ils en prenaient possession.

Au premier abord, on ne pouvait pas distinguer l’animateur de préjeunes, le membre de l’Assemblée spirituelle nationale, le conseiller, le directeur du temple, ou la bénévole venue de l’étranger. On voyait seulement des gens qui accomplissaient le travail qui devait être fait. C’était étonnant parce que cela suggérait qu’une compréhension commune existait déjà, ainsi qu’une volonté collective et qu’un respect réciproque, peu importe les distinctions d’âge ou d’état social existant entre eux dans la société où ils vivent. Nous avions devant nous la manifestation d’un impeccable esprit de service et d’une approche cohérente de la vie. C’est le type d’esprit qui est établi par des dizaines d’années d’efforts pour développer l’amour et la justice dans une communauté, le type d’esprit qui inculque dans les esprits et les cœurs une compréhension profonde de l’unicité de l’humanité et de la mise en œuvre de la révélation de Bahá’u’lláh, le type d’esprit qui ne permet pas que les réalités soient séparées et opposées, et empêche que les forces de la désintégration ne prennent racine. C’est le type d’esprit ferme qui résiste aux pressions qu’exercent inévitablement les circonstances internes ou externes.

La manifestation la plus éloquente de la compréhension que les amis ont de l’unicité de l’humanité et de son unité pourrait bien être le lien qui a été créé entre le temple et le projet de forêt indigène (Bosque Nativo). En effet, le Mashriqu’l-Adhkár inclut 11 hectares (0,11 km2) de forêt indigène, et les bénévoles qui y servent sont engagés à protéger la faune et la flore régionale en voie de disparition. Cet état de choses est dû au fait que l’agriculture a été forcée à s’homogénéiser vers une monoculture, celle de la canne à sucre, alors qu’une grande diversité avait longtemps existé auparavant.

Les bénévoles ont éradiqué toutes les cultures existantes, et, comme si elle célébrait sa nouvelle liberté longtemps attendue, la terre a semblé exhaler, avant que ne commencent à croitre des dizaines d’espèces de plantes. Puis, spontanément et progressivement, de nouvelles espèces d’animaux et d’oiseaux se sont installées. Par conséquent, la Maison d’adoration, qui reflète la beauté et la diversité du jardin de l’humanité, surplombe maintenant de ses collines une belle et verdoyante forêt, renée de graines qui ont dû être longtemps enfouies dans le sol, attendant patiemment de pouvoir germer et croitre.

Le jour de l’inauguration est arrivé, et nous avons vu plus de mille personnes se présenter. La flamme de la certitude et de la foi brillait fort dans les yeux des gens, et ils débordaient de joie à la vue du résultat des graines spirituelles qui avaient été semées il y a des dizaines d’années. Le maire de Norte des Cauca a fait un discours plein de fierté et d’admiration, des musiciens et des danseurs ont raconté l’histoire de leurs ancêtres, qui se sont levés pour résister aux forces d’oppression opérant depuis longtemps, des prières ont été récitées, et la journée a été marquée par l’exaucement de rêves et la satisfaction.

Nous avons été très émus de voir la réalisation très concrète de leurs prières et de leur travail. Cela nous a permis d’espérer que la transformation de notre milieu était possible, par des actions collectives et unies, et qu’il était aussi possible que notre esprit soit élevé de la même façon par nos efforts de service collectifs et unis. Les gens qui prennent possession d’un certain lieu physique, qui le mobilisent et lui donne sa vitalité, qui le bénissent par la Parole de Dieu, et par le service accompli en son nom, sont toujours une source de progrès menant à l’établissement de communautés et de sociétés comme celles que les enseignements de Bahá’u’lláh visent à créer.

Quelle satisfaction de pouvoir être témoins de la joie de la population d’une région lorsqu’elle atteint le résultat de ses efforts pour prendre en charge sa propre destinée spirituelle. Si on fait abstraction de la Maison d’adoration, il s’agit toujours d’une région qui reconnaît la valeur de ses richesses naturelles, de l’éducation scolaire et spirituelle, d’un lieu plein de gens qui servent ensemble pour réaliser la vision de Dieu pour ce jour. Ayant établi de tels fondements, elle devient une source de lumière et une force d’attraction pour tous les cœurs et toutes les âmes, et sa maison d’adoration, témoignage des difficultés qu’elle a surmontées, invite toute la population à participer à son brillant avenir.

Laura Friedmann and Kyle Schmalenberg