Au cœur de l’apprentissage : Un texte contribué par l’Assemblée spirituelle nationale au Congrès national
Voici un texte contribué par l’Assemblée spirituelle nationale au Congrès national de cette année. Elle a pensé qu’il pourrait intéresser les amis. Il fait ressortir les progrés accomplis et les nouvelle perspectives acquises par la communauté bahá’íe du Canada au cours des vingt dernières années, depuis le début de la série actuelle de plans.
Avec résolution et vigueur, la communauté bahá’íe du Canada a, en 1996, entrepris le plan de quatre ans. Durant la première année du Plan, six instituts de formation ont été créés, un dans chacune des régions du pays, et, au printemps de 1997, les premiers cours de formation, portant sur les vérités fondamentales de la Foi, ont été offerts.
Au Congrès international, en 1998, l’Assemblée nationale a pris note du progrès encourageant qui était accompli dans les régions du monde où on se servait du matériel de l’Institut Ruhi, et, en 1999, elle a annoncé que ce matériel serait « au cœur du processus de l’Institut au Canada pour un avenir prévisible ». Cette décision a fourni aux instituts naissants une clarté bienvenue et ils ont tourné leur attention vers la découverte du programme d’enseignement et vers la mobilisation des animateurs. Pour appuyer les efforts des instituts, et avec l’aide des conseillers et d’amis expérimentés de l’Amérique du Sud, une réunion spéciale s’est tenue en mai 2000 à Montréal pour apprendre davantage sur l’approche et le matériel de l’Institut Ruhi. Parmi les amis présents, on comptait environ 200 animateurs, il y avait un seul jeune. À partir de ce qui a été appris à cette réunion, et grâce à l’encouragement qu’elle leur a fourni, les instituts ont fixé des objectifs numériques pour la formation d’animateurs et l’établissement de cercles d’étude.
Cette plus grande clarté a été accompagnée d’une attention accrue, et, au début du plan d’un an, en 2000, les instituts avaient établi un certain rythme de formation; le nombre d’animateurs et de cercles d’étude avait commencé à croître continuellement. Durant le court et essentiel plan d’un an, les instituts ont pris les premières dispositions simples pour la coordination, qui le plus souvent consistaient à avoir quelques « coordinateurs d’une région », qui aidaient à organiser la formation des animateurs et à les appuyer quand ils formaient des cercles d’étude. À la fin du plan d’un an, plus de 2 000 personnes au Canada avaient terminé au moins un cours d’institut et des centaines de personnes passaient à l’étude d’un des cours suivants — une pyramide de ressources humaines se formait.
Une question persistante était celle de savoir comment aider ces amis dévoués à servir efficacement. L’introduction en 2001 des concepts des groupements et des activités fondamentales a été inestimable. Ces activités, chacune reposant sur ce qui avait été appris et accompli durant le Plan précédent, ont aidé à canaliser les ressources humaines pour renforcer les modèles de croissance dans de petites zones géographiques où les amis pourraient déchiffrer la réalité, faire une planification et collaborer au progrès de la Cause. Travaillant pour aider 50 personnes à finir la série de cours dans un certain nombre de groupements de chaque région, les instituts de formation ont acquis une grande expérience avec les quelques premiers cours du programme et ont commencé à y intégrer les exercices. Par conséquent, partout au pays, de plus en plus d’amis ont acquis une meilleure compréhension de la nature de l’enseignement de la Foi; et leur habilité concrète à partager la parole de Dieu avec d’autres s’est améliorée. Un nombre croissant d’amis de la Foi, dont des parents, des voisins, et des collègues de travail, ont été invités à se joindre aux activités fondamentales. Ces activités sont devenues des centres d’activité et des points d’attrait, non seulement pour les membres de la communauté bahá’íe, mais aussi graduellement pour un nombre croissant de leurs amis.
En septembre 2002, le groupement Vancouver-UBC a établi les conditions nécessaires à l’accélération du travail d’expansion et de consolidation, établissant le premier programme intensif de croissance en Amérique du Nord : « les systèmes dont le Plan a besoin sont en place; les amis peuvent maintenant aller de l’avant avec entière confiance pour accueillir un nombre croissant d’amis, de voisins de parents et de collègues de travail dans des activités fondamentales et des coins-de-feu ». Durant 2004 et 2005, d’autres groupements ont établi les conditions favorables et ont établi un programme intensif de croissance, en grande partie le résultat des efforts qui avaient été faits pour aider une cinquantaine de personnes à compléter la série entière de cours. D’une façon générale, au Ridván 2006, le Canada finissait le Plan avec 17 programmes intensifs de croissance. Partout au pays, il y avait bien au-delà de 1 000 activités fondamentales, comptant plus de 7 000 participants, dont près de 20 % provenaient de la collectivité.
La communauté bahá’íe du Canada a donc entrepris le plan de cinq ans, au Ridván 2006, à partir d’une base solide. Les efforts du Plan précédent avaient commencé à créer une nouvelle culture, une culture caractérisée par l’enseignement et l’apprentissage. La communauté abandonnait les dernières traces d’une mentalité de congrégation et gagnait une nouvelle confiance dans le fait que les populations du monde étaient réellement réceptives. Le but de faire passer le nombre de programmes intensifs de croissance de 17 à 46 a renforcé la détermination des amis et des institutions à travailler sans cesse pour apporter la parole de Dieu aux populations du Canada, à contribuer à une nouvelle culture et à faire progresser la civilisation.
Les instituts avaient fait des efforts pour mobiliser les préjeunes depuis le plan d’un an. Bien que modestes, leurs efforts avaient confirmé que ce groupe d’âge était avide de participer à des conversations sérieuses sur des thèmes profonds et était empressé de servir; il y a eu de nombreuses histoires positives de préjeunes qui s’épanouissaient dans le cadre d’un groupe de préjeunes. Au cours de l’été de 2005, un groupe de jeunes d’Ottawa a pris contact avec des préjeunes d’un petit quartier et est parvenu à former un groupe d’une vingtaine de participants venant tous de la population locale. Ce projet et l’étude des directives ont mené les instituts, au début de ce second plan de cinq ans, à lancer des efforts systématiques pour mobiliser des animateurs et former des groupes de préjeunes, plaçant la communauté sur un sentier d’apprentissage par l’action qui allait produire certains des plus beaux fruits de cette série de plans. La réponse des préjeunes et des enfants à ces efforts a été meilleure que ce que ces jeunes auraient pu imaginer durant leur formation.
Le travail fait pour obtenir la participation des préjeunes a mené les instituts à penser aux quartiers, ces petites zones géographiques où les gens peuvent se rendre aux activités à pied, et où la Foi pourrait se faire connaître comme une source d’excellence morale et spirituelle. Dans ces petits cadres, où les familles habitent et où les gens se côtoient naturellement, la poursuite d’un double but allait, avec le temps, contribuer à changer la culture. Durant les premières années du Plan, dans des groupements qui travaillaient à l’établissement d’un programme intensif de croissance, des groupes de préjeunes ont été créés dans des dizaines de quartiers.
Au début du second Plan de cinq ans, les instituts de formation ont commencé à acquérir une plus grande expérience à aider les participants à suivre les cours plus avancés de la série, et cela a mené naturellement à des consultations sur les moyens à prendre pour aider ces amis à faire de l’enseignement direct et à participer à des projets d’enseignement. Simultanément, ceux qui travaillaient avec des préjeunes dans les quartiers ont commencé à se rendre compte que pour que le programme pour préjeunes prenne plus profondément racine, il faudrait que les habitants du quartier en apprennent plus au sujet de Bahá’u’lláh et de sa Foi. Cela a poussé la communauté à travailler pour apprendre comment faire de l’enseignement direct et comment mener des projets d’enseignement direct. Des centaines de projets d’enseignement ont eu lieu partout au pays, dans un groupement après l’autre, et au cours de ces projets, des centaines et des centaines d’amis ont cherché à prendre contact avec les membres de leur collectivité — des parents, des voisins, des collègues de travail et un grand nombre de personnes vivant dans divers quartiers. Au cours de quelques cycles, la capacité de faire de l’enseignement collectif s’est développée — les amis ont commencé à penser à enseigner non seulement à quelques personnes, mais à des familles et à des groupes d’amis. Une plus grande conscience du mouvement d’une population s’est développée. Les souvenirs de ces années comportent certains des moments les plus précieux et émouvants de cette série de plans.
Ces efforts nous ont permis de beaucoup apprendre et d’acquérir de très grandes capacités. La réponse de personnes de tous les milieux au Message a convaincu les amis et les institutions que les populations du Canada étaient réceptives, malgré les préconceptions selon lesquelles cette société serait bornée, laïque, et où les gens ne désireraient aucunement parler de questions spirituelles ou religieuses. Tous ont été témoins d’une très grande réceptivité, particulièrement chez les jeunes, et de l’effet unificateur des activités fondamentales à l’échelon des quartiers ou au sein d’un réseau interpersonnel. Alors que les amis et les organes de la Foi se sont efforcés de devenir plus efficaces dans l’enseignement et la construction communautaire, les efforts ont renforcé le processus d’apprentissage, et l’engagement de la communauté à apprendre par l’action. L’action, la réflexion et la consultation en sont venues à faire partie intégrale des modèles d’action individuelle et collective. Nous avons appris à aller au-delà des présentations pour engager des conversations sérieuses et distinctives, motivées par l’amour et imbues d’humilité et d’une préoccupation d’autrui. Les instituts ont appris sur la dynamique de la formation et de l’accompagnement. La communauté est devenue plus consciente et plus encourageante. L’enseignement est devenu une chose naturelle.
Telles furent les réalisations de ce Plan. Une nouvelle culture qui a pris racine dans les premiers plans commençait à produire de magnifiques fruits. Au cours du Plan, environ 800 activités fondamentales avaient été établies, le nombre de participants avait presque doublé et maintenant presque une personne sur trois provenait de la collectivité en général. Et, le but du Plan, qui, au début, avait semblé si inatteignable, a été surpassé.
Quand la communauté bahá’íe du Canada a entrepris le troisième plan de cinq ans, elle avait établi 49 programmes intensifs de croissance et elle a immédiatement commencé à bâtir sur la base de ces réalisations — pour renforcer davantage ces 49 programmes et communiquer ce qui avait été appris à 58 autres groupements.
Durant les cinq dernières années, dans un groupement après l’autre, dans toutes sortes de milieux sociaux du pays, du sud au Grand-Nord, de l’est à l’ouest, à mesure que le processus d’apprentissage se renforçait, des programmes de croissance, petits, mais cohérents, ont commencé à émerger. Parallèlement, les groupements qui avaient un programme intensif de croissance ont continué à renforcer le modèle d’action, attirant plus de gens aux activités fondamentales et enrichissant la culture d’apprentissage qui avait pris racine au cours du Plan précédent.
Deux stratégies ont aidé la communauté à réaliser les buts du Plan : premièrement, des vagues de pionniers internes et d’enseignants itinérants — dont un grand nombre de jeunes — se sont rendues dans des groupements, se sont établies dans des quartiers et ont commencé à travailler pour atteindre le premier jalon; et, deuxièmement, le renforcement du mouvement des jeunes. Appuyés par les encouragements et l’aide constants des membres des corps auxiliaires et de leurs assistants, ces amis ont aidé les amis à augmenter le nombre de programmes de croissance jusqu’à ce qu’ils en comptent 108 — un programme a maintenant été établi dans plus de 90 % des groupements du pays.
La réceptivité des préjeunes au programme d’autonomisation spirituelle n’a jamais été un obstacle à sa croissance; la limite a plutôt été le nombre d’animateurs qui ont été formés. Cette prise de conscience a mené à des efforts soutenus pour atteindre des jeunes dans un groupement après l’autre, pour avoir avec eux des conversations sérieuses et distinctives et pour les aider à marcher sur un sentier de service dans leur communauté, idéalement en tant qu’animateurs. Les conférences de jeunes, tenues à la mi-parcours du Plan, ont attiré des milliers de jeunes et les ont unis dans un projet commun. Les instituts ont commencé à apprendre ce qu’ils devaient faire pour aider un grand nombre de jeunes à entreprendre de participer au processus d’institut et à finir un cours après l’autre — développant ainsi leur capacité de contribuer au progrès de la civilisation. À la fin du Plan, près de 5 000 jeunes au Canada participent à divers degrés à ce mouvement. Tous ces efforts ont fait que le nombre de préjeunes participant à un groupe a doublé.
Alors que nous nous réunissons au Congrès national, cette fin de semaine, pour nous préparer à la prochaine étape dans le déroulement du plan divin, nous réfléchissons aux multiples preuves de l’augmentation des capacités de chacun des trois protagonistes de la civilisation.
Chez ces jeunes qui ont répondu à Son appel, nous voyons un aperçu d’un nouveau type de personne, une personne qui marche, en compagnie d’autres personnes, avec humilité et amour, sur un sentier de service de la collectivité. Une personne qui apprend avec d’autres à naviguer les écueils d’un monde de plus en plus matérialiste, à vivre une vie plus cohérente et à contribuer à une civilisation spirituelle et prospère.
Dans ces quartiers, nous avons une lueur d’une nouvelle communauté, une communauté qui prie ensemble, qui est consciente de la présence du sacré, qui est consciente du besoin d’encourager les jeunes générations, qui cherche à inclure dans le cercle de l’amitié ceux qui en étaient exclus, qui réfléchit et se consulte sur son avenir — une communauté qui apprend à parler avec une même voix et à travailler ensemble comme les doigts d’une seule main.
Et, appuyant toutes ces réalisations, nous voyons un nouveau type d’institutions émerger, des institutions qui collaborent, qui sont soucieuses du bien collectif et y travaillent, des institutions qui apprennent à cultiver la capacité humaine et à la diriger vers l’amélioration du monde.